Ils sont de plus en plus de mineurs à fréquenter les cybercafés dans notre pays. Sans pour autant être conscients des dangers auxquels ils s'exposent dès qu'ils se connectent. Enfants et adolescents en font leurs lieux de loisirs par excellence, faute d'espaces consacrés à ce créneau et précisément à cette frange de la population. L'oisiveté est mère de tous les vices et, pour y échapper, une fois hors de leurs établissements scolaires, ils se rendent dans les cyberespaces. Ils s'y rendent aussi pour les besoins d'exposés dont ils ne savent rien et qu'ils obtiennent par de simples clics. L'initiative est de ces enseignants d'un autre temps, qui, en demandant trop aux élèves en obtiennent peu, et qui, peut-être sans le vouloir, leur montrent le chemin de la facilité en les orientant vers ces lieux où les enfants se contentent d'imprimer des textes, sans effectuer aucune recherche. Loin de nous l'idée d'accabler les enseignants, mais cette façon de faire n'a pas eu que les résultats escomptés. Mais il y a beaucoup à dire sur le rôle du secteur de l'éducation, encore à la traîne dans le domaine de la dotation des écoles en équipements informatiques. A défaut, le cybercafé reste le lieu de prédilection des enfants et des adolescents où le danger les guette quotidiennement. Ils tombent dans les fils de la Toile, sans jeu de mots aucun, et sont happés par la violence et par la pédophilie. Sans aucune protection, ils sont livrés à eux-mêmes face à des sites qui les attirent dans les dédales de la violence et de la pédophilie et les éclaboussent d'images obscènes. Leur curiosité n'a d'égale que la dangerosité et la perversité de certains sites qui font l'apologie du terrorisme et de la violence et trompent l'innocence de mineurs. Notamment à travers l'exploitation des informations personnelles données par ces derniers pour les tenir prisonniers de leur dépravation. Il est clair que leur jeune esprit n'en sort pas indemne. Dans ces espaces censés être ceux du savoir, des enfants connaissent la détresse sans que personne n'en sache rien ni que personne ne vienne à leur secours. Le vide juridique est tel que les gérants des cybercafés se soucient plus du gain que de la surveillance des mineurs. D'autant plus que cette frange de la population constitue une partie importante de leur clientèle. Une gérante n'a pas hésité à le déclarer hier sur les ondes de la radio. «J'essaie de faire de mon mieux, mais je ne peux pas interdire l'accès à des mineurs étant donné qu'ils constituent la plus grande partie de ma clientèle. Je risque de fermer en le faisant.» Tout est dit dans cette déclaration. Rien n'interdit aux gérants des cybercafés d'accueillir des mineurs et de leur ouvrir la connexion. Ces espaces sont exploités avec un simple registre de commerce, comme n'importe quel commerce d'alimentation générale. A ce jour, les pouvoirs publics n'établissent pas un cahier de charges qui définirait les règles d'exploitation et mettrait ainsi les gérants devant leurs responsabilités. La démission des parents est à relever puisque, eux non plus, ne surveillent pas leurs enfants. Ils semblent même ignorer les risques que représente ce genre d'espaces pour leur progéniture. Ils sont nombreux à se sentir rassurés et à penser que le cybercafé est un lieu sûr. Que du moins il ne nuit pas à l'enfant, s'il ne l'aide pas à améliorer ses connaissances. Ils se trompent. R. M.