La fréquentation des cybercafés par les adolescents à des heures tardives de la nuit commence à inquiéter les pouvoirs publics. Afin d'y mettre de l'ordre, on annonce une mesure à même de contrôler l'accès à ces espaces. La raison invoquée est que les jeunes de moins de vingt ans qui veillent dans les cybercafés consultent plus les sites de chats que ceux utiles du point de vue formation et culture générale. Bien vu. Loin de constituer une tendance lourde au sein de la société juvénile, les cybercafés accueillent des mineurs jusqu'à des heures tardives de la soirée. Que faudrait-il faire concrètement pour protéger les enfants de cette pratique aux effets désastreux et dévastateurs ? Les autorités semblent ne pas trouver mieux que d'interdire l'accès aux cybercafés à ces jeunes. La mesure d'interdiction est en train de prendre forme. Et c'est le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication qui s'attelle à réunir les conditions pratiques pour mener l'opération. Il y a lieu de noter que, si des mesures d'interdiction devraient être prises, cela ne pourrait se faire sans le ministère du Commerce, le département qui gère toutes les activités commerciales. Chez les gérants des cybercafés, on semble ne pas comprendre les contours de la mesure. Ni la manière de l'appliquer. Au niveau de la rue Hassiba Ben Bouali, à Alger, les propriétaires des cybercafés sont unanimes à dire qu'ils ne sont pas habilités à vérifier ce que font leurs clients. «Moi, j'assure une prestation pour laquelle mon client est tenu de payer. Le reste ne relève pas des règles commerciales», estime un jeune gérant. Et d'ajouter que son rôle est d'intervenir quand le client le demande. D'où ces jeunes tirent-ils l'argent pour payer les tarifs de la connexion ? Personne n'est en mesure d'y répondre. C'est une véritable zone d'ombre. Il y a néanmoins des parents qui accompagnent leurs enfants dans les cybercafés pour «encadrer» l'usage de cet outil. Un parent confie qu'il veille à ce que son fils utilise à bon escient Internet. «Sinon, je vais lui interdire de revenir sur les lieux», a-t-il précisé. Le problème ne se pose pas en revanche chez les enfants dont les mouvements sont suivis par les parents. Ce sont plutôt ceux échappant à la tutelle des parents qui constituent la clientèle à surveiller et à encadrer. A ce niveau, tout projet de contrôle risque de se heurter à la réalité sociale. La mesure préconisée par les autorités révélera certainement ses limites quand on sait que le mineur tenté par Internet peut se rendre au cybercafé même la matinée, quitte à sécher ses cours à l'école. A. Y.