Internet prend une part de plus en plus importante dans la vie des jeunes. Le chat ou l'email jouent un rôle au moins aussi important que le téléphone dans leur relation avec les autres. Au même titre que l'usage exponentiel fait depuis quelques années du SMS. En effet, une tournée dans plusieurs cybercafés de la capitale montre que la jeunesse algérienne est accro à tout ce qui se rapporte aux nouvelles technologies. Les mails, le chat, les forums, les messageries ou les blogs sont ainsi les principaux modes d'utilisation du Web aussi bien chez les jeunes que chez les adultes. D'ailleurs, on constate que ce ne sont pas uniquement ces derniers qui sont attirés, mais il y a également de plus en plus de post-ados et de nombreux adolescents et même des enfants. D'abord le «chat» Le chat est la première activité en ligne qu'ils apprennent à maîtriser avant même de découvrir les autres ressources proposées par le Web. «Dès qu'ils s'installent, les adolescents, notamment, se connectent directement aux sites de discussion et de chat», explique Ouahab, un informaticien gérant d'un cybercafé situé dans un immeuble de la rue Hassiba. Lui emboîtant le pas, Hassen, son associé, dira : «L'Internet est un monde auquel notre jeune génération, tous types confondus, intellectuels, instruits, étudiants, chômeurs, écoliers, et de tous les âges, enfants, adultes, et surtout jeunes, ont recours pour satisfaire leurs besoins et effectuer leurs recherches.» Ces lieux de recherche rapide et de savoir sont devenus dans notre société des lieux de loisirs et de détente. Lieux pour «tuer le temps» et «d'oubli et de répit», comme disent certains jeunes qui ne fréquentent ni les «kheïmas» ni «les mahchachas». Ce sont des gens qui aiment l'isolement, comme l'affirme Reda, un jeune chômeur accro à l'Internet. «Je passe la grande moitié de la journée, si ce n'est toute la journée, dans le cyber. C'est seulement sa fermeture qui me pousse à rentrer chez moi. Sinon, je reste collé à mon micro rien qu'à chercher dans ce monde où tout existe», ajoute-t-il amèrement. Il disait ne jamais avoir pris de cours en informatique et que sa maîtrise de cet outil était une question de temps et d'habitude. Et c'est le cas de la majorité des jeunes qui fréquentent ces lieux. Connexion à domicile : le privilège Chez les jeunes qui disposent d'un accès à domicile, la consommation est fatalement quotidienne. A l'âge de l'adolescence, ce sont les pratiques «joueurs» qui sont privilégiées et notamment le téléchargement des jeux, de la musique et des vidéos… Mais avec l'âge, le Web est également perçu comme une source importante du savoir. La maîtrise de l'outil informatique et la connexion représentent aux yeux de cette jeune population un autre atout non négligeable : l'avenir. En outre, certains jeunes ne considèrent pas les technologies seulement comme un moyen de divertissement, ils utilisent le Net pour se distinguer et avoir de meilleurs résultats. Ils en font une vraie raison de vivre. D'ailleurs, nombreux sont les jeunes qui ont choisi l'informatique dans sa mutation et son évolution continuelle et rapide comme une spécialité d'étude. Certains jeunes vont même jusqu'à croire qu'un avenir serein ne peut être garanti sans la maîtrise de ces outils. Ils se sont rapidement approprié l'ensemble des outils de communication on line et mobile pour être toujours à la page. «Si j'ai mon bac cette année, j'opterai pour une licence en informatique. C'est ce qui fonctionne actuellement, tout est informatisé avec la mondialisation», rêve Amine. Et d'ajouter : «C'est un monde qui te fait oublier ta réalité et te prend tout ton temps, autant lui consacrer le reste pour construire ton avenir.» Et ceux qui n'ont pas les moyens de s'offrir une connexion à domicile peuvent se rattraper dans les cybercafés dont le prix pour se connecter est accessible à toute bourse. En effet, les milliers de cybercafés de la capitale et des grandes villes proposent de très bas prix pour attirer le maximum de clients. Un monde sans tabous Il faut dire la réalité aussi, en plus de ces sites de distraction, de recherche, de connaissance et de discussions, à savoir «YouTube», «Google», «FaceBook» et «MySpace» sur le podium, nos jeunes internautes sont malheureusement passionnés et ensorcelés par les sites du «Sexe» et de la luxure. «A partir de 11h du soir [23h] la plupart des jeunes se connectent à ces sites où tout est permis pour satisfaire leurs instincts et atténuer leurs frustrations», estime Kader, responsable d'un cybercafé à Bab El Oued. Sans omettre, toutefois, l'affluence, ces derniers temps, de la gente féminine dans ces lieux, où certaines trouvent un moyen de construire leur vie et d'autres un outil de savoir et de liberté tout court. Pour la première catégorie, rencontrer l'homme de ses rêves et faire sa vie avec lui, tandis que la deuxième catégorie consulte les sites des universités et autres lieux pour avoir un avenir meilleur. D'ailleurs, une simple virée après le f'tour montre que tous les cybercafés sont archi-combles. «Pas de place», «il faut attendre qu'une place se libère», «reviens dans une demi-heure»… sont les phrases qui reviennent sur les lèvres des gérants de la plupart des cybers. N. B.