C'est fait. Le Salon international sur les technologies de l'information (TIC), le MED-IT, a ouvert ses portes au palais de la Culture. Depuis lundi dernier, les visiteurs, tous des professionnels du domaine, affluent sur les 150 stands des exposants nationaux et étrangers. On se bouscule donc au portillon du palais pour s'imprégner de l'ambiance high-tech qui y règne. Des conférences et des ateliers sont au menu pour discuter des perspectives des TIC en Algérie. Le ministre en charge du dossier, Hamid Bessalah, a fait également le déplacement. El Hachemi Djaaboub, ministre du Commerce, n'a pas voulu rater le rendez-vous. Nouveauté du MED-IT 2009, un concours des meilleurs sites Web marchands algériens, 40 ont été retenus, est organisé pour pimenter l'édition de cette année. Un bon paquet a donc été mis dans ce salon. Mais une question reste de même en suspens : le tape-à-l'œil et les cocktails offerts par les organisateurs du MED-IT compenseraient-ils le retard immense accusé par l'Algérie dans le développement des TIC ? Certainement pas. Notre pays, on l'oublie souvent, a été classé par le Forum économique mondial à la 108ème place dans ce domaine. Aujourd'hui encore, de nombreux établissements scolaires ne disposent pas de micro-ordinateurs. Le commerce électronique est toujours inexistant. En 2009, il y à peine 200 000 abonnés à l'ADSL. Juste à côté de chez nous, en Tunisie, ils sont plus de 2 millions. La Toile made in DZ ne compte que 7 000 sites contre plus de 16 000 en Tunisie alors que des centaines de nos communes ne disposent pas d'une connexion à Internet à haut débit. Le palmarès des carences et des déficiences est inépuisable. Le ministre Hamid Bessalah est-il conscient du gouffre technologique qui nous éloigne du monde ? Bien sûr que oui. Qu'en pensent alors les professionnels du MED-IT ? Eux, confient-ils sans ambages, estiment que les TIC sont en danger. Pourquoi ? La contrefaçon, le marché informel, l'absence d'institutions algériennes qui veillent au respect des normes internationales en vigueur dans le domaine, etc., pénalisent la mise à niveau technologique de notre pays. Leur tableau est aussi noir qu'une nuit d'hiver. Et comment ne pourrait-il pas l'être à l'heure où le plan Ousratic a été un échec retentissant à cause d'une mauvaise gouvernance de l'opération ! Une chose est sûre, et le MED-IT et son ambiance feutrée ne pourra pas le démentir, les TIC en Algérie sont loin d'être socialisées ! En l'absence d'une haute autorité qui aura pour tâche de prendre en charge l'édification de la société de l'information, un plan Marshall s'impose pour sortir notre pays de l'ornière cybernétique. Faute de quoi, les initiatives comme le MED-IT resteront toujours des coups d'épée dans l'eau. A. S.