De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Très concernée par le patrimoine historique oranais, l'association Bel-Horizon avait, il y a huit ans, décidé de lancer la formation inédite de guides de patrimoine qui, un peu comme les historiens, auraient la lourde charge de préserver une mémoire qui en a, décidément, bien besoin. En 2 001 donc, les responsables de l'association s'assurent le concours de professeurs d'université et de spécialistes en patrimoine pour dispenser les cours théoriques et pratiques, nécessaires à la formation des guides. Une vingtaine de jeunes, dont 12 filles, suivront ces leçons pendant une année avant de se voir décerner le précieux diplôme les consacrant officiellement guides de patrimoine. «Ils peuvent désormais assurer des visites guidées à travers tous les sites qui se trouvent sur le territoire de la wilaya d'Oran», précise Abdelhak qui avait compté, à près de cinquante ans, parmi les «jeunes» de la première promotion. Depuis quelques années, et ayant largement fait ses preuves dans le domaine, il fait désormais partie de ceux qui prennent les nouveaux venus par la main pour les initier au métier de guide. «Cette année, s'enorgueillit-il, nous avons assisté à la sortie de la seconde promotion qui, elle, est composée de trente nouveaux guides.» Dans la pratique, les guides de Bel-Horizon ont assuré plusieurs activités durant le mois du patrimoine qui vient de s'achever : la randonnée du 1er mai dernier vers Santa Cruz et Moulay Abdelkader, qui a drainé plus de 3 500 personnes, des sorties de sensibilisation dans les écoles, des visites sur les sites historiques (palais du bey, voûtes espagnoles du Rozelcazar), au musée Ahmed Zabana… Et lorsqu'on sait que, depuis 903, l'année de sa naissance, Oran a été traversée par plusieurs peuples et civilisations, on imagine sans peine le patrimoine historique qui fait d'elle -comme le souligne si bien le Guide sur les monuments historiques et sites naturels, édité par Bel-Horizon- une «ville au cœur généreux et à l'âme tourmentée, portant dignement mais péniblement ce patrimoine méditerranéen, riche par sa diversité, sa symbolique et sa forte charge symbolique». Un patrimoine où, outre des traces datant d'au moins 100 000 ans et des vestiges de l'Antiquité, on peut trouver les fortifications, témoins des différentes présences militaires (Santa Cruz, Mers El Kebir, Rozalcasar, fort Lamoune…), les places et constructions remarquables (comme la place d'Armes, la place Kléber, l'Opéra, l'Obélisque de la Victoire ailée, l'hôtel de ville, la gare, l'hôpital Baudens, les Bains turcs…), les édifices religieux des trois religions monothéistes (des mosquées, des mausolées et marabouts, des églises, la synagogue du boulevard Maata, devenue la mosquée Ibn Salem)… Dans une wilaya comme Oran, où la richesse archéologique et historique se trouve dans un état de dégradation avancée et où seule une dizaine de sites (sur la centaine existante) est classée officiellement, être guide du patrimoine, c'est exercer un métier d'utilité publique.