De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali On ne le répétera jamais assez, Oran renferme des vestiges historiques d'une rare valeur patrimoniale, qui exigent une sérieuse prise en charge si l'on veut préserver l'identité de cette ville au passé tourmenté. Pour les générations futures -qui auront peut-être à cœur de découvrir ce passé qui est aussi le leur- mais aussi pour tous les autres peuples qui, pour une raison ou une autre, s'intéressent à cette région. Même si elle est aujourd'hui officiellement algérienne, Oran fut, au fil de son histoire, française, espagnole, ottomane et, plus loin dans l'histoire, omeyyade, fatimide, almoravide, romaine, punique… ce qui lui confère cet aspect d'universalité qui transcende les frontières et les nationalités. S'il est vrai que des sites comme le Fort de Santa-Cruz ou les Bains turcs ont déjà fait l'objet de multiples opérations de restauration et de réhabilitation, réalisées par des associations de passionnés du patrimoine, des milliers d'autres sites attendent toujours d'être pris en charge : grottes du paléolithique (première période de la préhistoire qui a débuté il y a moins de 3 millions d'années, ndlr) et du néolithique (dernière période de la préhistoire, Ndlr) à Kouchet El Djir et à Eckmühl, aux ruines romaines de Portus Magnus à Béthioua, en passant par la nécropole punique du côté des Andalouses, les différentes fortifications militaires, les remarquables places et édifices (la place d'Armes, la place Kléber, l'Opéra, l'Obélisque de la Victoire ailée, l'Hôtel de région, la gare, les Arènes…), les mosquées comme la Perle, Pacha, Mohamed El Kebir, Malek Ibn Anas…, les mausolées et marabouts tels Sidi El Houari, Sidi M'hamed Benaouda, Sidi Blel…, les églises comme la cathédrale du Sacré-Cœur, Saint-Louis, Saint-Esprit, de Saint-Eugène… la synagogue de boulevard Maata, devenue la mosquée Ibn Salem…, Oran recèle des milliers de vestiges (recensés par le Guide des monuments historiques et sites naturels de l'association Bel Horizon) qui, réhabilités et remis à jour, révèleraient peut-être des aspects méconnus de l'histoire et constitueraient certainement un excellent atout pour le tourisme culturel. Ceci sans parler des sites naturels tels la promenade Ben Badis (plus connue sous l'appellation de la promenade de l'étang, seule à avoir réellement bénéficié d'une attention), les îles Habébas, le parc naturel des Planteurs, la forêt de M'sila et le complexe des zones humides, qui constituent un écosystème forestier lacustre et marin d'un intérêt tout particulier. «L'architecture urbaine d'Oran a une valeur de patrimoine mondial», a récemment rappelé un architecte espagnol lors du festival de la culture espagnole, confirmant qu'Oran est «un véritable musée à ciel ouvert», comme l'ont maintes fois assuré les passionnés du patrimoine et de l'histoire de la région, seuls véritables défenseurs de cet héritage historique. Sur le plan économique -et même si les retombées du tourisme culturel ne sont pas comptabilisées par l'Organisation mondiale du tourisme (OMT)– il est indéniable que l'aspect culturel exerce un attrait certain sur les touristes du monde (des études ont estimé qu'entre 40 et 60% des touristes en visite en France sont guidés par cet intérêt). Ce qui implique que, dans le schéma directeur de l'aménagement touristique (SDAT 2025), les responsables du tourisme algérien ont été bien inspirés d'accorder une importance particulière au patrimoine culturel, l'OMT prévoyant quelque 1,5 milliard de touristes dans le monde à l'horizon 2020. Il reste à espérer que l'intérêt même tardif pour le patrimoine culturel est bien réel et qu'il sera suivi d'effet…