De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali 1er mai 2006 : 350 passionnés de balade et de monuments historiques prenaient part à la randonnée que l'association Bel-Horizon organisait pour la première fois dans le cadre de la célébration du Mois du patrimoine. Quatre années plus tard, soit le 1er mai 2010, plus de 13 500 personnes ont afflué sur la place du 1er Novembre (ex-place d'Armes) pour accomplir ce parcours qui, à travers les venelles du Vieil Oran, les a menées jusqu'au plateau de Sidi Abdelkader el Djilani Moul el Meïda : «A 9h00, l'esplanade était déjà noire de monde et les groupes ne cessaient d'affluer, raconte Abdelhak, l'un des guides de l'association. Nous avons commencé l'escalade dix minutes plus tard mais le flux des arrivants remplaçait toujours celui des partants. De sorte que la place du 1er Novembre ne se vida qu'à 11h30 alors que les guides s'évertuaient déjà à compter les randonneurs à l'arrivée sur le plateau de Sidi Abdelkader. Après avoir rassemblé plus de 3 500 personnes l'année dernière, nous avions misé sur 5 000 participants. Le résultat a dépassé nos pronostics les plus fous !!» S'il fallait un critère pour jauger l'attention que les Oranais accordent au patrimoine historique, la participation record de ce 1er mai -que Bel-Horizon a désormais institué Journée du patrimoine oranais- tend à démontrer un intérêt grandissant, même si l'on peut supposer que beaucoup étaient motivés par des raisons plus terre-à-terre, loin de tout souci patrimonial : la promenade est aussi l'occasion de s'adonner à la marche, de chanter, de danser au rythme des groupes karkabous, d'admirer Oran du haut du mont du Murdjadjou… Mais il reste que le nombre hallucinant de la randonnée 2010 est un sérieux indicateur sur le travail accompli par Bel-Horizon et d'autres associations quant à la sensibilisation à l'importance du patrimoine historique et la nécessité de le préserver pour le bien de la mémoire collective. «Santé Sidi El Houari», une autre association impliquée dans la lutte pour la préservation du patrimoine historique, s'est, de son côté, évertuée à plaider la cause du patrimoine historique en organisant des ateliers de formation et des visites guidées dans les chantiers en activité pour la réhabilitation de l'ancien hôpital «Baudens» de la cité de Sidi El Houari, qui constituent autant de classes de formation dans la restauration des pièces de certains monuments et sites archéologiques. Par ailleurs, des efforts sont également fournis par les responsables du musée Ahmed Zabana pour la restauration des pièces archéologiques qu'il recèle. Une formation sur la restauration y est notamment dispensée depuis presque quatre années aux étudiants de l'Ecole des beaux-arts. Depuis début 2007, quatre formateurs et une restauratrice ont déjà été formés, une quarantaine de techniciens poursuivent des cours de restauration et un certain nombre de pièces de céramique, des stèles comme des tableaux ont été remis en état. Pour autant, ces défenseurs du patrimoine historique estiment que les autorités locales ne jouent pas encore le jeu et qu'il reste encore du chemin à parcourir avant de les voir accorder au patrimoine tout l'intérêt qu'il mérite.