Le stade Mustapha Tchaker de Blida a vécu jeudi après-midi un jour mémorable avec la finale de la Coupe d'Algérie de football. Une finale que le chef de l'Etat a rehaussée de sa présence et qui a mis aux prises le CRB et le CABBA. La rencontre entre deux prétendants à la coupe a tenu ses promesses, du moins sur le plan émotionnel. Les deux clans ont, en effet, bien préparé ce rendez-vous qui devait, en fait, clôturer la saison sportive officielle. Drapeaux gigantesques, oriflammes, ballons multicolores, fumigènes aux couleurs des deux équipes en présence, slogans corrects dans toutes les langues, et cellules de supporters venant des villes de l'intérieur du pays ont encouragé les deux équipes qui ont essayé de bien faire pour être à la hauteur de l'attente. En effet, les deux formations, Belouizdadi et Bordj avaient là l'occasion rêvée de sauver la saison, surtout du côté des derniers nommés qui se sont investis pour revenir au premier plan. Un match qui avait un sens et une portée qui dépassaient de loin toutes les considérations, avec en plus l'importance de la coupe d'Algérie dans l'imaginaire des supporters de tous les clubs. Cette pression n'a pas été pour faciliter la tâche aux deux prétendants, surtout du côté belcourtois, donné comme favori logique. C'est le challenger qui, au contraire, a su manœuvrer pour ne pas se laisser déborder. Une tactique qui s'est avérée payante, mais pas concluante car, le club belouizdadi lancé, il aurait été difficile de l'arrêter. Les Rouge et Blanc, instruits par cette vérité première qu'assument un nombre impressionnant de supporters qui poussaient leurs favoris, ont bloqué les issues et procédé par des contres. Les Criquets jaunes eurent beau assiéger le camp algérois, rien n'y fit. Les penalties permettent au Chabab de renouer avec un trophée qu'il n'avait pas remporté depuis 1995 et qui lui ouvre de nouveaux horizons en devenant automatiquement «africain». Au coup de sifflet final de l'arbitre, la réaction et l'explosion de joie des joueurs belcourtois en disent long sur le parcours d'un ensemble plus que jamais exceptionnel, sur l'effet de longues années de traversée du désert et, enfin, sur la signification d'une consécration méritée au vu d'abord de leur rendement à travers ce qu'ils avaient déjà réalisé avant d'y parvenir. On croit parfois qu'on est oublié, voire marginalisé. Et puis, non. La reconnaissance est là. Elle traduit ce que l'on peut accomplir de beau et de juste. Mais plus le temps passe et plus on se rend compte qu'il est toujours possible d'être respecté pour ce qu'on est, pour ce qu'on a entrepris, même si souvent les résultats ne sont pas toujours là pour récompenser tant d'efforts et tant de sacrifices. Un trophée, un exploit à faire lever de son siège tout le public. Une merveille qu'on pourrait un autre jour se passer de bouche à oreille les soirs de déprime, histoire de retrouver le sourire et que l'on peut vous raconter pour le plaisir pendant de longues heures. Ce qu'on a vu hier, ce que l'équipe algéroise a pu réussir en cent vingt minutes de jeu, relève vraiment de l'exploit devant une coriace équipe de Bordj Bou Arréridj. Celle-ci a fait étalage d'un grand récital. Des attaques, certes, patientes, mais bien construites par l'adversaire qui mérite largement lui aussi le titre. Puis d'autres arabesques, d'autres actions qui réjouissent autant le public bordji que les mordus de football et les met en joie. On retiendra beaucoup de choses de cette finale et on se souviendra de cette extrême détermination qui ne cessait de faire tourner l'équipe ces derniers temps et cette concentration maximale qui avait fait face à tant d'obstacles et à tant de frustrations. Un autre jour, on se rappellera que le CRB a bien réussi là où le club des Hauts Plateaux a échoué. Ce qui a fait la différence entre deux équipes à la recherche d'exploit est certainement la rigueur dans le jeu, mais aussi dans le comportement et dans les sentiments. M. G.