Les Nations unies et la Commission africaine ont appelé hier les ministres africains des Finances à faire des propositions «fortes et cohérentes» pour contribuer à la réforme du système financier mondial. Dans un communiqué commun publié au Caire à l'occasion de la réunion des ministres africains des Finances qui s'est tenue hier au Caire, le président de la Commission africaine, M. John Ping, et le président de la commission économique de l'ONU pour l'Afrique, M. Abdoulaye Jana, ont précisé que les participants examineront les moyens de réformer le système financier mondial. Ils ont indiqué que l'Afrique ainsi que d'autres pays en développement ont vivement critiqué le système actuel affirmant que «la réforme et l'instauration de certaines règles fondamentales s'avèrent indispensables». Ils ont appelé les ministres africains à proposer des réformes fortes et cohérentes, insistant notamment sur leur application au niveau international. Les deux responsables ont, par ailleurs, souligné que la récession qui a touché les principaux partenaires commerciaux de l'Afrique a entraîné une baisse de la demande sur les produits de première nécessité, un affaissement des investissements étrangers directs et une hausse du taux de chômage. Selon eux, tout progrès réalisé jusque-là dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement s'effacera. «Si les politiques financières sont employées à bon escient, les ressources accordées aux gouvernements pourront être augmentées pour financer les programmes sociaux et les investissements», ont-ils estimé. Si la diplomatie et la courtoisie imposent aux officiels un langage modéré, il n'en demeure pas moins que ces formules sont des euphémismes qui cachent mal le marasme des pays en développement aussi bien africains que latino-américains et asiatiques, face à une crise financière et économique dont ils subissent les effets par ricochet ou de plein fouet alors qu'ils n'ont aucune responsabilité dans ce désastre. Les maîtres du monde détiennent les rênes de l'économie, de l'instabilité et de l'insécurité, les manipulent et les orientent dans le sens qu'ils désirent en fonction de leurs intérêts sans se soucier des conséquences sur la majorité de l'humanité. Lorsque l'idée d'un nouvel ordre économique mondial a été lancée dans les années soixante-dix, ses promoteurs, notamment Boumediene, sentaient le désastre venir et voyaient clairement où pouvait mener le processus de mondialisation libéral à outrance qui ne servait que les intérêts d'une minorité de nantis. C'est cette même minorité qui fait et défait les gouvernements occidentaux et leurs politiques économiques et financières. C'est cette même minorité qui a provoqué le chaos financier et économique actuel sans en subir les effets néfastes. Les patrons des multinationales ont amassé des fortunes colossales au détriment de la majorité de l'humanité qui se débat depuis toujours dans des problèmes liés à la satisfaction de leurs besoins vitaux. C'est à ce titre qu'un nouvel ordre économique mondial est plus que d'actualité, c'est une nécessité salutaire pour l'humanité. A. G.