Le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, est depuis hier à Tunis, où il a pris part à une rencontre de haut niveau co-organisée par la Banque africaine de développement (BAD), l'Union africaine (UA), et la commission économique des Nations unies pour l'Afrique (Uneca). Une trentaine de ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales de pays africains se sont d'ailleurs penchés, à l'occasion, sur la crise financière internationale et ses effets sur les économies africaines. L'objectif de cette réunion est d'ébaucher une attitude africaine concertée et des approches de solutions à la crise ainsi que des propositions dans le cadre d'une remise à plat du système financier international. A l'issue de la rencontre ministérielle, se tiendra, à Tunis également, la 3e Conférence économique africaine (CEA) placée sous le thème "Mondialisation, institutions et développement économique de l'Afrique".La 3e CEA qu'organise l'Uneca et la BAD du 12 au 14 novembre, traitera de thèmes liés aux migrations et transferts de fonds, aux changements climatiques, au commerce et l'intégration régionale, aux unions et zones monétaires, au développement des marchés boursiers en Afrique, au climat d'investissement, à l'aide et l'efficacité du développement, à l'agriculture et la sécurité alimentaire, etc. Ce conclave représente également l'occasion de mobilisation des autorités financières africaines pour coordonner une réponse commune au niveau africain.Concernant les effets de la crise financière internationale sur les économies africaines, Jean Ping a souligné que "c'est une crise systémique très grave", avant d'ajouter que "s'il y a un manque de liquidités au niveau international, les investissements étrangers déjà insuffisants en Afrique, le seraient davantage. (…) [et] l'aide au développement pourrait, également, être affectée, puisque les pays donateurs seront confrontés à des difficultés".En effet, la France a déjà diffusé, au mois d'octobre dernier, une circulaire aux représentations africaines de la coopération française faisant état de l'arrêt d'une série de financements destinés aux secteurs vitaux des pays d'Afrique subsaharienne, au bénéfice du financement du secteur bancaire. Il ne faut pas imaginer que cette crise ne touchera pas l'Afrique, au contraire, la crise va nous affecter", a assuré le président de la Commission de l'UA, qui a souligné "qu'il ne faut pas que les Africains comptent sur les autres, mais c'est à nous-mêmes d'analyser la situation et de prendre les décisions qui s'imposent".Il faut dire que cette rencontre fait suite à la réunion des grands argentiers du G20 tenue dimanche dernier à Sao Paulo, au Brésil, pour préparer la refonte du système économique mondial qui sera adoptée le 15 novembre à Washington, lors d'un sommet mondial duquel l'Afrique semble avoir été évincée.A défaut de l'inclusion de l'Afrique dans les décisions économiques et financières mondiales, le continent devra prendre ses dispositions en marge de la communauté internationale pour limiter les répercussions de la crise économique mondiale sur son économie.Paradoxalement, le G20 s'est engagé, le 9 novembre, à prendre "toutes les mesures nécessaires" pour restaurer une confiance ébranlée dans les marchés et pour donner une plus grande voix aux pays en développement dans les affaires économiques mondiales.