L'Espagne a mis fin à la belle histoire de la Russie, corrigée 3 à 0 jeudi dernier à Vienne, et s'est hissée en finale de l'Euro 2008, où l'attend l'Allemagne, 24 ans après avoir échoué à ce stade de la compétition face à la France de Michel Platini, en 1984. Avec cette finale, le sélectionneur Luis Aragones vient d'entrer dans la légende du football espagnol, à 69 ans. Lui qui n'a pas été épargné par les critiques, notamment pour s'être passé de Raul, peut savourer. Le maître à jouer russe, Andrei Arshavin, est, pour sa part, complètement passé à côté de ce grand rendez-vous. On attendait les Torres, Villa et Arshavin, justement, pour animer cette demi-finale. Mais l'ouverture du score est finalement venue de la paire de milieux du Barça, Iniesta-Xavi, avec une passe du premier pour un but du second (50e, 0-1). Dès lors, le match devint à sens unique, l'Espagne justifiant son surnom de «Furia Roja», même si les joueurs d'Aragones évoluaient en jaune. Güiza et Silva n'avaient plus qu'à aggraver le score (73', 82', 0-2 puis 0-3). La sortie de Villa sur blessure (34') y est sans doute pour quelque chose. Le meilleur buteur de cet Euro (4 buts) s'est blessé tout seul en tirant un coup franc à la 29e minute et a dû sortir après avoir tenté de rester sur la pelouse. Dommage, car l'attaquant de Valence avait trouvé une bonne complicité avec Silva. Sera-t-il remis pour la finale ? Torres, plus en jambes que face à l'Italie en quarts de finale, n'a pas été assez «tueur». En dépit de belles feintes, le «Kid» de Liverpool n'a jamais fait la différence face à Akinfeev. Et Arshavin ? Quelle déception ! Lui dont on attendait tant est resté comme scotché sur la pelouse, ne pesant ni comme créateur ni comme finisseur. Nerveux, il a même rejeté la faute sur Saenko, l'accusant, avec gestes à l'appui, de ne pas lui mettre les ballons dans les pieds. Paralysé par l'enjeu ? Saoulé par trop d'éloges ? L'arbitre belge, M. De Bleeckere, n'a pas non plus aidé à la beauté du jeu. Etrangement, le directeur de jeu n'a pas sifflé un penalty à la 15e minute quand Torres a été accroché dans la surface. De même, il n'a pas non plus sorti de carton à Zyryanov, auteur d'un méchant tacle sur Silva (29e), accordant juste un coup franc. Sergio Ramos a donné le ton, montant comme un avant-centre (5', 24'). Luis Aragones avait sans doute bien préparé son coup en piquant l'orgueil de son défenseur à plusieurs reprises depuis le début du tournoi. Exploitant les déchets du jeu espagnol, les Russes ont bien tenté de satisfaire un stade où leurs supporters étaient venus en masse. Pavlyuchenko s'est ainsi illustré avec une somptueuse frappe lointaine passant juste à côté (31e). Mais le non-match d'Arshavin a lesté de plomb les semelles russes. La Russie n'a pas raté son Euro, loin de là. Mais tout le monde s'attendait à ce qu'elle parte aumoins en ayant proposé un utre spectacle.