Tout est bien qui finit bien. La treizième édition de l'Euro, classée parmi les meilleures par tous les observateurs, spécialistes et autres amateurs de la balle ronde, n'a pas souri à l'Allemagne qui se présentait pour sa treizième grande finale internationale, mais à l'Espagne. Soit l'équipe la plus convaincante, la plus régulière et celle qui n'a pas été vaincue depuis le début du tournoi. L'Euro-2008 a consacré ainsi la sélection qui avait le plus de style, le plus d'élégance et le plus d'ambitions. Sur leur longue route qui les a amenés en finale, les Ibériques n'ont qu'une seule fois été contraints au partage des points, c'étaient en quarts de finale par l'Italie, peut-être la seule équipe qui a su contrer tactiquement les futurs champions d'Europe qui n'ont dû leur passage, mérité, qu'à une séance de tirs au but. Hormis cette parenthèse, l'Espagne a réussi un sans-faute remarquable en balayant au premier tour la Russie (4 à 1), en dominant la Suède et la Grèce, tenante du titre, sur le même score (2 à 1). En demi-finales, les Russes passent de nouveau aux rattrapages face aux coéquipiers d'un Fabregas, tout juste 21 ans, au sommet de son art en subissant un autre revers (0 à 3). Il ne restait alors que cette Allemagne, éternelle, une équipe de contres hyper efficaces, capable d'accélérations fulgurantes, mais n'égalant jamais la grande Mannschaft de l'histoire, que la bande à Aragones devait affronter en finale. Et comme souvent toutes les finales, celle de l'Euro-2008 n'a pas été la plus belle ni la plus folle, à l'image du parcours de l'équipe turque, mais elle a préservé de l'intensité dans une opposition de styles qui ne pouvait sourire à la fin qu'à l'équipe la plus méritante. Le football a été juste. En effet, après le traditionnel quart d'heure d'observation, les Espagnols prennent le match en main en confisquant le ballon à leurs adversaires, malgré le gabarit et même les kilos qui les séparaient (10 kilos de plus pour les Allemands). Une première alerte sous forme d'une tête sur la base du poteau de Fernando Torres qui, peu après la demi-heure de jeu, trouve le chemin des filets en prenant à défaut et dans la course le défenseur Lahm et le gardien Lehmann. Rarement mis en danger, les Espagnols poursuivront leur domination en seconde période où ils rateront plusieurs occasions de but par Sergio Ramos, Xavi et surtout Senna à dix minutes de la fin. Roberto Rosetti, l'arbitre italien de cette finale, le troisième Transalpin à diriger une finale de l'Euro, mettra fin aux débats dans un stade Ernest-Happel de Vienne en partie acquis aux Espagnols (ils étaient plus de quinze mille supporters) pour laisser éclater la joie d'une équipe et de son sélectionneur, le plus vieux du tournoi (presque 70 ans), porté en triomphe par ses joueurs devant le bonheur du roi et de la reine d'Espagne et du Premier ministre Zapatero ainsi que tous les convives de marque. Et avant de recevoir le trophée des mains de Michel Platini, le président de l'Uefa, celui-là même qui les a privés, il y a vingt-quatre ans, de ce titre qu'ils n'ont pas goûté depuis 1964 (leur premier et unique), les joueurs feront la haie pour applaudir les vaincus exprimant ainsi l'état d'esprit d'un football convivial et joyeux retrouvé. Rideau.