De nouvelles négociations sur la crise gazière auront lieu aujourd'hui à Moscou entre le Premier ministre Vladimir Poutine et son homologue ukrainienne Ioulia Timochenko. L'UE propose son assistance mais rechigne à participer à un véritable “sommet” sur la question. Au huitième jour d'interruption totale des livraisons de gaz russe à l'Europe via l'Ukraine, les deux voisins campent sur leurs positions. “Le robinet est toujours fermé”, a accusé le géant russe Gazprom jeudi dernier, affirmant que l'Ukraine continuait d'empêcher le passage sur son territoire du gaz destiné à l'Europe, en dépit de l'accord de surveillance du transit arraché lundi par les Européens. L'Ukraine est prête à faire transiter le gaz russe vers l'Europe dès que “la totalité des volumes” prévus par les contrats, soit 330 millions de m3, sera fournie par la partie russe, a répliqué le président ukrainien Viktor Iouchtchenko. Pour sa part, la Russie a proposé aux Européens de mettre sur pied un “consortium international” pour fournir aux Ukrainiens le “gaz technique” dont ils ont besoin afin que le transit du gaz russe reprenne à travers leur territoire. Il s'agirait de “partager le risque du transit”, selon le Premier ministre Vladimir Poutine qui s'en est entretenu avec le président de la compagnie italienne d'hydrocarbures Eni, Paolo Scaroni. Ce dernier a expliqué que le consortium payerait en avance le “gaz technique”, permettant au gazoduc et aux stations de compression de fonctionner “afin de permettre la reprise des livraisons de gaz vers l'Europe dans l'attente d'un accord entre Moscou et Kiev”. Outre l'Eni, premier opérateur de gaz en Europe, Gaz de France et l'allemand EON y participeraient, selon M. Scaroni. Le format des négociations russo-ukrainiennes prévues aujourd'hui à Moscou faisait encore débat jeudi. Le président russe Dimitri Medvedev a persévéré dans son intention d'organiser un véritable sommet de chefs d'Etat et de gouvernement. Des “invitations” ont déjà été adressées, selon sa porte-parole. Mais il s'est heurté à un refus poli des Européens, qui considèrent ne s'être déjà que trop impliqués dans le conflit. L'UE s'est dit tout au plus prête à dépêcher le ministre tchèque de l'Industrie et le commissaire européen à l'Energie à une réunion Russie-Ukraine “de haut niveau”, pour les “aider à trouver un accord durable”. Aucune réunion ne doit constituer une excuse pour reporter la reprise des livraisons, a de plus insisté son porte-parole, exigeant à nouveau leur “reprise immédiate”. Le ministère français des Affaires étrangères s'est montré encore plus direct, déclarant que les conditions pour la tenue d'un sommet ne seraient “pas réunies”, tant que “les livraisons de gaz, conformément aux engagements de la Russie et de l'Ukraine, n'auraient pas repris”. M. Iouchtchenko, également convié par Moscou, a répété jeudi qu'il n'entendait y prendre part qu'“à condition qu'il se déroule sur le territoire européen”. Par ailleurs, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déclaré hier que les dirigeants européens ont tout intérêt à participer au sommet sur le gaz prévu aujourd'hui (samedi) à Moscou s'ils veulent voir la crise du gaz réglée. “Nous escomptons que ceux souhaitant résoudre le problème au plus vite viendront au sommet qui se tiendra à Moscou demain”, a-t-il dit au cours d'une conférence de presse dans la capitale russe. “Il s'agit probablement de l'une des opportunités les plus réalistes de sortir du statu quo”, a-t-il ajouté. Synthèse : B. K.