Photo : Riad Par Amel Bouakba Entendre semble tellement ordinaire qu'on n'a pas forcément conscience de l'importance de ce sens qu'est l'audition. Pourtant, personne n'est à l'abri de troubles auditifs ou de baisse de l'audition. Des métiers dits à risque aux excès de décibels, les occasions de voir nos oreilles détériorées sont multiples. Il faut savoir que le seuil toléré est de 85 décibels et que, au-delà, nos oreilles peuvent être endommagées. Les appels des spécialistes à protéger nos tympans en cas de bruit intense sont de plus en plus nombreux. Les «accros» de musique amplifiée ne se doutent-ils pas des dangers qu'ils courent, à brève échéance et à long terme ? De même, le bruit de la musique amplifiée des salles des fêtes et des pétards lors du Maoulid Ennabaoui sont des sources de traumatismes sonores aigus qui endommagent fortement le capital auditif, nous ont confié des spécialistes en ORL, en l'occurrence le Dr Boualem Derradji et le Dr Sofiane Ouhab, de l'hôpital de Kouba. Les traumatismes sonores aigus sont considérés comme des motifs fréquents de consultation en ORL. Le service ORL de l'hôpital Kouba est de plus fréquenté par des malades de tous âges souffrant de ce type de préjudice. Ainsi, la pollution sonore aux causes diverses (transports, chantiers…) entraîne un certain nombre de désagréments et de gênes, et les traumatismes sonores sont de deux sortes. Les traumatismes sonores chroniques (maladies professionnelles) et ceux aigus. Pour ce dernier cas, deux paramètres entrent en ligne de compte, à savoir l'intensité du son et la durée d'exposition. Les spécialistes évoquent l'exemple édifiant des salles des fêtes, où le son dépasse généralement les 100 décibels. «Il est regrettable de constater que, dans certains cas, des parents emmènent leurs enfants en bas âge, voire des nouveau-nés, dans des salles des fêtes. Leurs parents ne se rendent-ils pas compte qu'ils exposent ainsi les oreilles de leurs petits à des sons intenses ? Le son est tellement nuisible qu'il va complètement détruire les cellules de l'audition», révèlent nos interlocuteurs. «Nous avons d'ailleurs reçu des cas d'enfants dont l'audition a été endommagée dans une salle des fêtes. Parfois, summum de l'inconscience, ces parents prennent place avec leurs enfants carrément à côté des baffles, ce qui est particulièrement néfaste pour les tympans, notamment des tout-petits.» A ce propos, notent nos spécialistes, «les troubles de l'audition auront un impact sur le langage de l'enfant». Par ailleurs, nos interlocuteurs mettent à l'index le matériel Wi-Fi, à savoir baladeurs, walkman et écouteurs qui diffusent des sons au-delà du seuil toléré. D'autant, est-il souligné, que ces appareils ne subissent aucun contrôle dans notre pays. Dans la majorité des cas, ils ne répondent pas aux normes requises, qui permettent de protéger nos oreilles. C'est un constat alarmant que dressent ainsi nos spécialistes : «Le nombre de malades qui viennent en consultation augmente particulièrement durant l'été et la fête du Maoulid Ennabaoui, car, dans de telles circonstances, les oreilles sont exposées à un bruit trop élevé.» Ils déplorent le fait que beaucoup de personnes sont en train d'abîmer leur audition en s'exposant au bruit intense. La musique amplifiée et répétée des salles des fêtes exposent nos oreilles à des risques irréversibles. Les jeunes sont, eux aussi, concernés, ils ne se rendent pas compte que le walkman, la musique amplifiée des discothèques causent d'énormes préjudices aux oreilles. Selon nos interlocuteurs, «il est primordial de contrôler les salles des fêtes pour qu'elles correspondent aux normes. Pour que le son diffusé à l'intérieur ne soit pas nuisible à l'audition». Ces traumatismes sonores aigus entraînent irrémédiablement des sensations auditives douloureuses. Ils provoquent des acouphènes et peuvent même causer une surdité. Entendre en permanence un sifflement ou des bourdonnements dans ses oreilles, c'est l'enfer que vivent de nombreuses personnes atteintes d'acouphènes. Celles ayant subi ces traumatismes sonores aigus doivent être hospitalisées. Elles sont mises au repos et sous traitement médical. En cas de dégâts irréversibles causés aux oreilles, le malade bénéficie automatiquement d'un appareillage auditif, expliquent nos spécialistes. Leur message est à ce titre clair : la prévention vaut mille remèdes. C'est pourquoi, ils multiplient les appels à protéger nos tympans du bruit intense et prolongé et afin aussi d'éviter les séquelles définitives, voire la surdité. L'accent est ainsi mis sur la prévention des risques auditifs car, comme ils le disent si bien, «nos oreilles, on y tient !» A. B. Une centaine d'enfants sourds-muets opérés avec succès à l'hôpital de Kouba Bonne nouvelle. Une centaine d'enfants sourds-muets ont été opérés avec succès au service ORL de l'hôpital Kouba, dans le cadre du programme national de lutte contre la surdité chez les enfants. Les enfants ont bénéficié d'implants Cochleair, (oreille interne artificielle), une intervention impressionnante menée sous la direction du professeur Nadia Yahi Aït Mesbah qui a permis de redonner espoir et sourire aux enfants et à leurs parents. Le service ORL de l'hôpital de Kouba est l'un des services les mieux équipés en Algérie. Il est doté d'un matériel de dernière génération. Le matériel Wi-Fi vendu en Algérie ne répond pas aux normes Selon une enquête réalisée en France, il est constaté une augmentation régulière de l'incidence des surdités de perception chez les jeunes âgés de 12 à 25 ans depuis le milieu des années 1980. L'hypoacousie était une des premières causes d'exemption du service national. La cause principale en est le volume sonore toujours plus important de la musique écoutée avec le casque, en boîte de nuit et en concert. La prévention demeure essentielle dans ce cadre. Elle repose sur deux volets, la sensibilisation des adolescents mais aussi des industriels de la musique sur la nocivité du bruit excessif. Il s'agit par ailleurs de limiter le niveau sonore de la musique écoutée. Des lois ont été promulguées dans ce sens pour interdire la vente de baladeurs dont la puissance sonore est supérieure à 100 décibels et pour limiter aux établissements diffusant de la musique amplifiée un niveau sonore moyen de 105 décibels et un niveau de crête de 120 décibels. Des mises en garde sont également inscrites sur le matériel Wi-fi . «C'est nocif pour l'oreille». Chez nous, c'est une véritable anarchie qui est constatée dans ce domaine. Aucun contrôle n'est effectué dans les salles des fêtes. Il en est de même pour ce qui est du matériel Wi-Fi, dont les baladeurs, walkman et écouteurs, vendus en deçà des normes. D'autant plus que les produits contrefaits inondent le marché.