Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Constantine est souvent le théâtre de pas mal de scènes «brutales» caractérisées par des rixes éclatant au centre-ville. Le vol (portables, bijoux…) se passe en plein jour. Combien de femmes ne sont-elles pas contraintes de se passer de leurs joyaux magiques pour pouvoir sillonner les artères populeuses de la ville où sont concentrés les commerces ? La transgression ne se limite pas seulement à l'aspect physique. A longueur de journée, des injures et des menaces sont proférées par des groupuscules aux alentours des marchés et au niveau des ruelles occupées par des pseudo gardiens de parkings improvisés. La Sûreté nationale, qui met les bouchées doubles pour anéantir tout ce désagrément causé à la population, constate que les témoins ne se bousculent pas auprès de la partie plaignante, paramètre incontestable pour consigner le procès-verbal relatif à l'audition et destiné au procureur de la République. Il va sans dire que la police, soucieuse du bien-être du citoyen, ou du moins de sa sécurité, ne peut à elle seule réduire à néant les «agressions» sans l'aide des citoyens. La police de proximité semble avoir apporté des améliorations en milieu urbain et dans les autres communes. Au demeurant, il reste beaucoup à faire tandis que les habitants eux-mêmes jouent souvent à l'indifférence devant des dépassements même «pacifiques». Dire que la ville est assainie de «ses turbulents» serait prétentieux. Du moins, les bilans démontrent l'amélioration de la situation depuis l'installation de cette police de proximité. Espérer un taux d'insécurité égal à zéro en milieu urbain relèverait de la science-fiction. Même si les arrondissements de la Sûreté nationale se multiplient. L'implication directe du citoyen, qui doit se considérer comme étant «le témoin oculaire» actif dans certains cas, apportera une contribution civique aux différentes investigations pour déterminer la source des agressions, du vol, etc. Ainsi, sa participation dans la préservation saine de la cité pèse dans l'anéantissement des malfrats. «Il faut savoir qu'un policier est avant tout un citoyen. Il est aussi confronté au danger. Alors, ne tentons pas de lui faire porter le chapeau de l'insécurité en cas d'éventuelles agressions sur des personnes», dira un habitant questionné sur la situation sécuritaire prévalant dans la capitale de l'Est. Il ajoutera : «Parfois, les citoyens ferment l'œil sur des dépassements non seulement pour ne pas intervenir aux côtés des policiers, mais réfutent tout témoignage dans des incidents dont ils sont témoins.» Par cette lecture, on va certainement «zapper» le rôle de la Sûreté. Loin s'en faut. La parenthèse était obligatoire pour mettre en relief une certaine indifférence affichée chez des «non-assistants à personne en danger». C'est une transgression, estiment des spécialistes qu'on a accostés. Il faut souligner, cependant, que le taux d'infraction a sensiblement baissé ces deux dernières années. Cela n'est pas fortuit avec la mise en place de la nouvelle donne émanant de la DGSN : la police de proximité. judicieusement déployée à travers la circonscription : on compte 17 arrondissements en attendant la livraison incessamment de la 18e. Cette stratégie contribue énormément à l'éradication du banditisme. A titre d'exemple, à la nouvelle ville où il ne se passait pas un jour sans que des citoyens soient agressés ou volés, les choses ont repris peu à peu la normale avec l'implantation d'un second arrondissement qui a neutralisé les auteurs des troubles. Deux autres communes ont bénéficié de nouvelles structures dégagées à cet effet. Il s'agit d'Aïn Smara et de Didouche Mourad. C'est dire que le volet sécuritaire intra et extra-muros est davantage conforté surtout si l'on met en exergue le nombre de barrages fixes implantés aux entrées principales de la ville. Par ailleurs, la police de proximité a permis d'élucider un pourcentage assez élevé d'affaires liées à toutes sortes d'infractions. «Je pense que le citoyen devra assimiler le sens de la contribution. Il faut prendre la chose dans son aspect positif. Cela dit, il faut viser l'intérêt général. Bouder un témoignage, ne pas informer en cas de détresse… ne sont pas des gestes civiques. Pis, ils sont passibles de justice. C'est ce que la majorité des citoyens ignore», atteste un homme de droit. Cette constatation a été émise aussi par le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, lors de la série d'inaugurations qu'il a effectuées dans l'est du pays ces derniers mois, durant lesquelles il a exhorté les citoyens «à rompre le silence». Lequel silence reste complice, voire compromettant leur sécurité. En définitive, Constantine se déleste peu à peu de ses «agressions», notamment dans les quartiers populeux. «On s'étonne en revanche d'assister à des atteintes au cœur de la ville», s'interroge une vieille dame, portant un couffin trop serré à la main.