De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Visiblement, rien n'arrête plus les harraga et ce, malgré l'omniprésence des garde-côtes dans les eaux territoriales, les arrestations opérées presque tous les 2 jours au large des côtes, les condamnations par les tribunaux de la région, les appels lancés par les parents des disparus en mer ou encore les différentes conférences organisées sur le thème de l'émigration clandestine. Ainsi, après les 39 harraga pris avant-hier à Ras El Hamra (Voir notre édition du 13 juin), ce sont 23 autres qui ont été arrêtés hier, tôt le matin vers 3 h 30 du matin à 2 miles au nord-est de Ras El Hamra, dans la wilaya d'Annaba. Ces candidats à l'émigration clandestine à bord d'une embarcation de fortune, équipée d'un moteur avaient été interceptés après avoir été aperçus par une des patrouilles qui les prit aussitôt en chasse. Arrêtés et ramenés sur la terre ferme, ces derniers, dont 1 mineur de 17 ans, sont originaires de Annaba (16), Constantine (2), Alger (2), El Tarf (2) et Batna (1), déclarent avoir remis aux passeurs des sommes allant de 30 000 à 70 000 DA, prix qu'ils ont payé pour la «traversée». Ceux-ci se sont embarqués à partir de la plage de la cité Seybouse dans la nuit de samedi à dimanche et comptaient accoster sur l'île de la Sardaigne avant de continuer sur l'une des rives sud de l'Italie. Comme nous l'avions rapporté précédemment dans ces mêmes colonnes, il est fort à craindre qu'avec le retour du beau temps, il n'y ait de véritables boat people qui prennent d'assaut les côtes nord de la Méditerranée. «Ce ne sont pas les garde-côtes qui vont arrêter cette saignée et des contingents entiers de jeunes continueront à braver les dangers de la mer en risquant leur vie et ceci tant qu'on n'aura pas traité les raisons véritables qui poussent ces jeunes à fuir le pays. Le chômage et la misère font des ravages dans ces milieux, certains plongent dans l'illégalité en s'adonnant à la drogue, en vivant de larcins, de vols, de cambriolages etc., alors que d'autres, ne voulant pas tremper dans cela parce qu'ils sont honnêtes, préfèrent quitter le pays et rejoindre par n'importe quel moyen un des pays européens pour y travailler et y mener une vie meilleure.» C'est ce que nous a confié un des parents d'un harrag arrêté par les gardes-côtes il y a quelques mois et qui suit avec intérêt l'évolution de la situation concernant l'émigration clandestine.