Avec les 19 harragas interceptés mardi dernier passé à bord d'une embarcation de fortune au large des côtes de Annaba à 2 miles marins de Oued Boukrat, et selon les chiffres officiels, ce sont 235 émigrés clandestins qui ont été arrêtés par les gardes-côtes du groupement territorial de la wilaya. Il s'agit là de la face visible de l'iceberg, la réalité est tout autre. En effet, ce sont des centaines de jeunes venus des quatre coins du pays qui ont bravé les dangers de la mer pour rejoindre la rive Sud de l'Europe. «N'foutou wella n'moutou» (on passe ou on meurt), cette phrase revient, comme un leitmotiv, dans la bouche des jeunes candidats à la «harga»; ils y croient dur comme fer et sont prêts à tout malgré les disparitions en mer, les arrestations et les condamnations. Du côté de la Sardaigne, destination privilégiée des harragas de Annaba, «les guardie-costa» sont à l'affût, sillonnant les eaux territoriales et arrêtant à tout bout de champ toute embarcation suspecte. Ce «verrouillage» n'a pas pour autant dissuadé les harragas qui sautent de joie à la moindre information colportée par la rumeur et selon laquelle un copain est passé à travers les mailles de l'immense filet tendu et aurait téléphoné pour dire qu'il se porte bien et qu'il aurait trouvé du travail. «L'industrie» des barques, à Sidi Salem, s'accélère pour fournir, aux futurs candidats, les outils nécessaire à la traversée. La saignée continue...