Photo : Archives Par Salah Benreguia La gestion et la planification des ressources en eau constituent l'une des priorités du gouvernement. Ainsi, pour renforcer le fonctionnement de ce secteur névralgique, plusieurs réformes ont été engagées par le département de M. Sellal. En collaboration avec l'institution allemande GTZ, un programme appelé «gestion intégrée» de l'eau a été initié par les deux parties. Il a trait à l'amélioration de la gestion des ressources en eau, à la maîtrise de la demande en eau potable, industrielle et agricole, et, enfin, assurer la comptabilité de la gestion des eaux avec la politique d'aménagement du territoire et de protection de l'environnement. Dans ce sillage, un séminaire portant le thème «analyse et planification économique dans le secteur de l'eau» a été organisé par ces deux parties, hier, à l'hôtel Sofitel. Au menu, il y a eu surtout la question de la planification intégrée dans ce secteur. Le Dr Kessel, directrice du programme de gestion intégrée de l'eau, a annoncé d'emblée que le programme en question se base sur 3 composantes : deux concernent la planification intégrée et la régulation et la 3ème l'évaluation d'un modèle de gestion intégrée de l'eau dans l'oasis (Beni Abbès). «Le principe de planification intégrée implique et fait participer tout le monde. Après son application, l'oasis connaît actuellement une alimentation en eau potable H24», explique-t-elle plus loin, avant de souhaiter son élargissement dans d'autres endroits. De son côté, Yann Laurans, expert en économie de l'eau, a rappelé tout au long de son intervention les vertus, les mécanismes, mais aussi les outils d'une telle pratique, qui demeure, à ses yeux, la plus fiable dans un secteur aussi important que celui de l'eau. Cette source «limitée et vulnérable» telle que définie par le conférence de Dublin (1992), enchaîne-t-il, nécessite une planification intégrée et basée sur une approche participative, impliquant, de ce fait, divers acteurs, notamment les usagers et les administrations. «La planification intégrée dans le secteur de l'eau constitue la pierre angulaire d'une meilleure gestion des ressources hydriques», a-t-il expliqué. Et de rappeler dans le même sillage que la conférence de Dublin considère que «cet élément vital a une valeur économique pour l'ensemble de ses usagers et doit être reconnu comme un bien économique mondial». Quels sont, dans ce cas, les mécanismes et outils à utiliser pour une gestion intégrée des sources hydriques ? Sur ce point, l'orateur a fait savoir que celle-ci prend en ligne de compte l'évaluation des bilans (l'offre et la demande), la mise en place d'institutions pour la résolution des conflits, le contrôle direct par réglementation ainsi que l'introduction de nouvelles technologies en la matière. En mettant en exergue la nécessité d'engager des réformes, surtout dans l'assainissement et la gestion intégrée des ressources en eau, l'orateur dira qu'il faut donner «au service de gestion de l'eau une autonomie de décision à même de lui permettre de faire face aux exigences d'un service de qualité complet». Par ailleurs, la même source a fait remarquer que de telles réformes doivent prendre en considération un dominateur commun qui est le prix, en ce sens, que les prix adoptés, même subventionnés, comme c'est le cas en Algérie, doivent inclure tous les facteurs de gestion. Subventionner les prix du l'eau, a-t-il laissé entendre, n'est pas une fin en soi, car plusieurs pays développés le font. «En France on subventionne l'eau à l'ordre de 4%, en revanche, l'Irlande elle se fait à l'ordre de 100%.» S. B. Dessalement de l'eau de mer : une arme à double tranchant Interrogé sur la politique de dessalement de l'eau de mer adoptée ces derniers temps par l'Algérie, M. Yann Laurans a laissé entendre que cette option pourrait être considérée comme une arme à double tranchant. Et pour cause, cette pratique, dépendant exclusivement de l'énergie, posera des problème le jour où les prix de l'énergie connaîtront une augmentation significative. «Quand le coût de l'énergie augmentera, on se posera la question au niveau local : faut-il utiliser notre énergie pour d'autres secteurs beaucoup plus porteurs que celui de l'eau et devons-nous l'utiliser pour l'eau potable ou pour autre chose», a-t-il expliqué. Autrement dit, lorsque le prix de l'énergie sera revu à la hausse, l'investissement en dessalement de l'eau de mer n'importera pas en termes de rentes, de bénéfices, à l'instar des autres secteurs.