On s'attendait à trouver peu de monde. Le soleil chaud et le temps estival faisaient de ce jeudi une journée de plage, non de visite d'un festival. Faux. Nous nous rendrons bien vite compte de notre erreur, quand il s'agira de trouver une place pour garer la voiture. Toutes les places de parking sont prises et il faudra tourner longtemps en attendant qu'une se libère. Un bus de l'Entreprise de transport urbain d'Alger (ETUSA) qui, dans le cadre d'une convention avec le commissariat du Festival international de la littérature et du livre jeunesse d'Alger (Feliv), a ouvert une ligne pour desservir Riadh El Feth, où se tient le festival, vient de déverser un flot de visiteurs et repart chercher une autre cargaison. Dans l'allée menant à l'Esplanade couverte par les chapiteaux des tentes abritant les stands d'exposition nous précèdent deux files d'enfants dirigées par un éducateur. Au bas des marches, c'est la fête… du livre. Beaucoup d'enfants, avec leurs parents qui ont un mal fou à gérer les débordements d'énergie de ces petits qui courent d'un stand à un autre, attirés par cette abondance de livres et de couleurs. Il y en a pour tous les goûts, tous les âges et toutes les bourses, même si la qualité suit le prix. Pour 200 dinars, les enfants peuvent se payer une histoire, des livres de coloriage, des puzzles. Pour plus, 300 à 700 dinars, les livres sont de meilleure facture. Ils sont importés. «J'ai trouvé un dictionnaire Robert pour jeune à 700 dinars pour ma fille. Mais je dois aussi trouver quelque chose pour son petit frère. Et là, la facture ne manquera pas de grimper, malgré les remises qui sont d'ailleurs minimes», nous dira la mère des deux angelots. Plus loin, un père s'efforce de faire entendre raison à son fils et lui explique que ses frères et sœurs ont aussi besoin de livres, qu'il faudra payer… Au niveau des stands, les vendeurs affirment qu'ils ont consenti des remises et qu'elles leur ont permis de bien vendre. Selon eux, les visiteurs qui soutiennent que les prix sont toujours élevés, parlent certainement des livres importés, lesquels restent effectivement chers malgré les remises. Or, d'autres vendeurs nous révéleront que les remises sont en fait minimes, de l'ordre de 5 à 10%, ce qui n'est pas suffisant, surtout que les organisateurs ont clairement affichés leur intention de faire du festival une manifestation culturelle et non commerciale… il faut croire que les exposants n'ont pas tous joué le jeu. On n'en dirait pas autant des écrivains et artistes qui animent le festival. Dans un stand tapissé d'un gazon artificiel, des enfants entourent une danseuse qui, accompagnée par des percussionnistes, exécute une danse africaine. Ses tresses, ses mouvements saccadés et les tambours africains exercent un attrait incroyable sur les petits et les grands. Les jeunes qui ont compris que l'Afrique est l'invitée d'honneur du festival, sillonnent les stands pour dénicher un auteur ou un artiste avec lequel ils pourraient discuter ou simplement se faire photographier. Dans le stand, la danseuse a cédé la place à un conteur africain qui, dans un langage clair, raconte à son jeune public, qu'il a impliqué, une vieille légende africaine. Le soleil se couche. En habitués, les enfants entraînent leurs parents vers la scène dressée un peu plus loin et où ils savent qu'un spectacle leur est réservé… c'est la fête du livre et des enfants. Le reste n'est que mauvais calculs d'adultes qui, pris dans les rets des problèmes quotidiens, ont oublié les joies simples de l'enfance. H. G.