L'introduction de la concession des plages ne se fait pas sans heurts en ce début de saison estivale. Réglementée dans la forme, l'opération est en train de générer des situations de conflit entre les estivants et les prétendus locataires des rivages. Le cahier des charges qui devrait servir de document de référence et d'arbitrage entre toutes les parties qui investissent la périphérie n'a plus de valeur réelle. La réglementation stipule que l'estivant a le droit de s'installer là où il veut et qu'il n'est pas contraint d'utiliser les équipements et les accessoires que propose le concessionnaire. Il est aussi expliqué que la location de matériel de plage (parasols, chaises, transats) est autorisée, sous condition de respecter les règles retenues dans ce cadre, à savoir ne pas accaparer d'espaces et ne pas provoquer de gêne et de désagréments aux estivants. Le constat fait aujourd'hui, après quelques semaines seulement du coup d'envoi de la saison estivale, contraste avec l'esprit et la finalité d'une réglementation restée sans instruments d'application. S'il est compréhensible de voir les locataires des rivages chercher à gagner plus d'argent en louant divers équipements de détente, il faudrait néanmoins faire beaucoup d'efforts pour saisir pourquoi et par quel biais on prive l'estivant de certains périmètres. Une grande partie de nos plages vit cette situation qui n'est pas sans générer un divorce entre les estivants et les stations balnéaires que les responsables n'arrivent plus à encadrer le fonctionnement. Cette défaillance est d'autant plus inexplicable dans une conjoncture ou des enveloppes financières importantes sont débloquées par l'Etat dans la perspective d'améliorer l'attractivité du tourisme national. Les pouvoirs publics n'ont pas de raison pour ne pas croire que la présente saison estivale est un véritable baromètre d'évaluation de la virtuelle nouvelle politique de tourisme articulée sur plus d'un plan et sur une panoplie de «contrats de performances». Hisser le tourisme en industrie génératrice de postes d'emploi et de richesse, comme cela a été par ailleurs réussi par des pays qui ne possèdent pas le tiers des atouts de l'Algérie, ne se gagne pas par les mots. Et il ne suffira pas de recenser un nombre important d'estivants qui se sont rendus sur nos plages pendant trois mois pour crier à une saison estivale réussie. Le bilan d'une saison estivale est loin d'être un exercice de recensement. Il ne faudrait pas s'en réjouir, non plus, si le nombre d'Algériens qui sont allés passer leurs vacances outre-mer serait en baisse. La faiblesse des revenus en est la principale cause. Le tourisme dépend des moyens financiers qui accompagnent sa stratégie de développement. Mais l'argent ne garantit pas une meilleure organisation du secteur sans une volonté réelle d'appliquer la réglementation. Sans l'application de la loi, le racket sera imposé dans tous les espaces publics. A.Y.