Après des mois consacrés à la campagne relative à l'élection présidentielle, aux décantations qui ont suivi, la saison chaude est bien là avec ses soucis particuliers et une certaine léthargie propre aux grandes vacances et au mois de Ramadhan. Si les institutions fonctionnent relativement bien et que le Panaf, un grand défi pour tous les acteurs publics, va capter l'attention et susciter commentaires et critiques, joies et frustrations, il y a des lacunes à combler et des responsabilités à prendre par les pouvoirs publics. Dans la vie quotidienne, pour les mois de juillet-août, les citoyens sont en droit pour des périodes de repos bien mérité de trouver des plages et des lieux publics propres, accueillants, sans racket pour le parasol, le parking et une circulation routière améliorée, surtout avec le flux traditionnel de la communauté émigrée qui renoue avec la famille, les amis et le pays.Le phénomène inflationniste, sans un contrôle rigoureux des services de l'Etat, risque de se manifester avec plus de violence durant l'été et le Ramadhan qui sont des périodes de pointe pour la consommation de produits alimentaires. Ces derniers ont déjà commencé, dès le mois de mai, à connaître des hausses qui sont répercutées directement sur le pouvoir d'achat des foyers les plus démunis, sur les retraités et les bas salaires. Ces couches sociales représentent beaucoup d'Algériens qui risquent d'être livrés à toutes les dérives du commerce intérieur, difficile à maîtriser par les services habilités à contrôler et à sanctionner. L'impunité qui semble assurée à tous les commerçants indélicats et malhonnêtes serait dure à supporter pendant des séquences elles-mêmes pénibles à cause de la chaleur et du jeûne. Parallèlement, de très nombreux parents s'estiment comblés par les taux de réussite affichés pour le BEM et pour le cycle primaire, sachant, et c'est une excellente nouvelle, que plus de la moitié des élèves qui ont réussi au BEM sont des filles. Ce qui devrait inciter des millions de pères de famille à encourager la poursuite des études pour les filles, sans céder à une série de pressions archaïques et d'autres intégristes qui veulent toujours réduire le sexe féminin à une catégorie subalterne, toujours mineure devant un machisme toujours vivace et souvent peu combattu dans les écoles, les mosquées, les médias et dans l'espace public. Si les conditions matérielles de vie et de travail sont une entreprise jamais achevée, toujours à améliorer, et si le coût des produits de première nécessité est à surveiller sans relâche, il y a le cadre de vie. Autrement le beau et l'environnement sont-ils réellement des sujets pris en charge comme il convient avec l'importance, équivalente à celle du pain, qui leur sied ? Dans de nombreux quartiers et cités, les citoyens sont agréablement surpris de voir se mener des opérations de désherbage, certes à un rythme de sénateur, mais cependant nécessaires. Or, une fois le travail terminé, les mauvaises herbes, les ronces sont entassées et laissées sur place, à la merci de la moindre brise, des enfants qui les éparpillent, etc. Il y a là ce hiatus reconduit entre de bonnes décisions et un suivi qui laisse à désirer. Dans son message adressé aux artistes pour la journée du 8 juin, M. Bouteflika a encouragé «une vaste entreprise d'embellissement des villes algériennes et des campagnes». A-t-il été entendu aussi par les maires, les walis et les responsables des OPGI et promoteurs immobiliers ? Le pain et le beau sont tous deux nécessaires et complémentaires. A. B.