Les grands dossiers de l'heure, déjà en suspens bien avant le ramadhan, sont renvoyés aux calendes grecques. Le ramadhan tire à sa fin non sans avoir plongé le pays durant un mois, comme chaque année, dans une relative torpeur. Cette léthargie a grandement pénalisé les citoyens, déjà largement affectés par le jeûne et les problèmes quotidiens dont les chances de règlement sont ainsi réduites à néant. Tout se passe comme si le pays tout entier était dans un coma profond. Mais cette inaction n'a pas épargné les institutions de l'Etat, si bien que le président de la République lui-même, d'habitude si polixe dans ses interventions et voyages, s'est montré très discret durant ce mois sacré. Hormis peut-être ces auditions, dont la presse s'est fait l'écho, mais passées sous silence par les canaux officiels, de ministres directement impliqués dans la mise en œuvre de son programme de relance économique. Ce constat est valable également pour les partis politiques, dont les états-majors sont restés en stand-by durant ce mois. Du coup, les grands dossiers de l'heure, déjà en suspens bien avant le ramadhan, sont renvoyés aux calendes grecques. Il en est ainsi du problème de la Kabylie qui entame son vingtième mois sans qu'une ébauche de solution apparaisse à l'horizon, alors que le pouvoir persiste dans ses solutions à la hussarde, à l'image des élections locales partielles que Yazid Zerhouni s'entête à vouloir organiser dans la région. Une solution qui ne fera qu'envenimer la situation dans une région qui vit depuis plus d'une année et demie en marge du pays. Toutefois, cette période d' “hypnose” a ouvert la voie à toutes sortes de spéculations et de rumeurs sur la présidentielle de 2004. On parle déjà d'une guerre larvée entre le Président et son chef du gouvernement autour de ce scrutin qui suscite d'ores et déjà bien des convoitises. La fin du mois sacré augure de chaudes empoignades d'autant plus que le FLN s'apprête à tenir son congrès à la fin du premier semestre 2003. Un congrès qui sera déterminant dans le choix du candidat de l'ex-parti unique à la magistrature suprême même si, pour le moment, Ali Benflis, candidat potentiel, se garde de s'exprimer clairement sur cette question. Voilà encore un dossier qui éclipsera à coup sûr les problèmes quotidiens des Algériens dans la mesure où il focalisera l'attention du chef de l'Etat, dont on dit qu'il est candidat à sa propre succession. Finalement, les Algériens devront encore attendre pour voir leurs problèmes réglés et auraient souhaité que le ramadhan se prolonge. Au moins ils savent à quoi s'en tenir, pendant trente jours. A. C.