Dès que la saison chaude s'installe, la seule vraie question qui taraude l'esprit de beaucoup de gens des Ziban est de savoir comment passer ses vacances annuelles par des températures plus clémentes. Si une partie des ménages se résigne, faute d'autre chose, à passer l'été sur place, d'autres optent pour le dépaysement total par des échappées estivales loin de la ville et plus près de la campagne ou, mieux encore, en louant une maison de vacances dans l'une des villes les plus prisées du nord ou des hauts plateaux. Beaucoup d'autres préfèreront le littoral et les mieux nantis ne lésinent pas sur les moyens pour s'offrir des séjours à l'étranger. L'option ville tellienne a été imposée par l'absence de structures touristiques dans la région. Mais cette quasi-fuite s'explique, objectivement, par la température intenable qui se rapproche allègrement des 50 degrés. Le recours aux voyages organisés vers le littoral et même en dehors du territoire national devient alors d'une nécessité implacable. Les agences de voyages multiplient pareilles offres et rivalisent en proposant plus d'avantages ou, parfois, en cassant les prix des destinations les plus recherchées. De leur côté, les oeuvres sociales des entreprises et des institutions ainsi que les associations prennent très au sérieux cette préoccupation et proposent à leurs membres campings et autres voyages en famille. Les directions de l'action sociale et de la jeunesse et des sports programment, pour leur part, des séjours spéciaux pour les enfants issus des familles démunies, en plus d'autres initiatives diversifiées. Passer un séjour loin de la canicule dépend pourtant de plusieurs facteurs contraignants comme le temps libre du chef de famille et ses capacités financières, note un animateur bénévole de camp de vacances, M. Smati, qui pense que la pression des enfants n'en pèse pas moins sur la décision des parents et peut même être déterminante dans le choix du lieu et de la durée de la villégiature programmée. Fonctionnaire et père de trois enfants, Djelloul confirme et relève que la détermination d'une destination pour les vacances n'est pas une sinécure et exige beaucoup de consultations familiales même si le dernier mot revient souvent aux enfants. Les destinations les plus prisées par les familles des Ziban sont surtout les sites côtiers au climat (relativement) doux et au sable (relativement) doré. Les agriculteurs préfèrent leurs palmeraies Tourment bien réel pour de larges franges de la société, les vacances estivales restent, par contre, le dernier souci des agriculteurs, plus préoccupés par leur récolte de dattes en cette période cruciale de l'année. Le président de l'association des producteurs de dattes, M. Laâjal, relève que pendant cette période de grande chaleur, l'agriculteur consacre plus de temps et de soins à ses dattiers qu'il faut arroser beaucoup plus que d'ordinaire, car il y va de la qualité et de la quantité de sa récolte. Dans d'autres corps de métier, on ne se sent pas non plus concernés par des vacances hors de la région (une éventualité qui ne leur vient même pas à l'esprit), comme ce gardien dans une entreprise, qui affirme consacrer volontiers son congé annuel à des travaux de réfection de son domicile et au bricolage en général. Ceci dit, il serait erroné de penser que le tout Biskra est déserté par ses habitants en été. Au contraire, ce qui reste de la population résidente est augmenté par le retour au bercail, pendant les deux ou trois mois de l'été, de bon nombre des enfants de la ville expatriés en Algérie ou à l'étranger, le plus souvent pour des raisons professionnelle ou d'études. Face à ce mouvement de population, les services de la santé ne manquent pas d'effectuer un travail de sensibilisation sur les maladies spécifiques à cette période, notamment la déshydratation infantile, qui fait l'objet d'une campagne d'information jusqu'au 31 octobre prochain. Enfin, chaleur ou pas et pérennisant le vieux mode de transhumance, les nomades de la wilaya quittent sans bruit la région vers leurs traditionnelles zones de pacage sur les hauts plateaux. Pour eux, la question de rester ou de ne pas rester dans les parages ne se pose même plus: elle est tranchée depuis des siècles...