De notre envoyé spécial à Syrte Kamel Amghar Le discours-programme du Président Abdelaziz Bouteflika au 13ème Sommet de l'Union africaine à propos de l'impérative relance du secteur agricole sur le continent noir a pris la forme d'une véritable feuille de route pour la mise en valeur des énormes potentialités existantes. Après un constat lucide sur les contraintes endogènes et exogènes rencontrées par les agriculteurs africains, le chef d'Etat algérien a exposé une véritable stratégie pour dépasser les clivages et les embûches rencontrées ça et là. A ce sujet, il avait nettement défini les problèmes issus du système commercial international, ceux inhérents au dérèglement climatique ainsi que les implications néfastes de la crise économique mondiale. «Les obstacles qui continuent d'entraver l'aboutissement du cycle de Doha sont la parfaite illustration de la contrainte exogène qui pèse sur notre ambition commune de promouvoir un véritable développement de l'agriculture sur notre continent», précise-t-il. Evoquant les conséquences calamiteuses du réchauffement climatique, Bouteflika souligne la responsabilité directe des pays industrialises, en mettant l'accent sur «la vulnérabilité particulière de l'Afrique qui se dégage face a des phénomènes dont tout un chacun admet pourtant l'absence de responsabilité africaine. Ce constat vaut également pour les effets subis du fait de la crise alimentaire», tient-il encore à diagnostiquer. Tout en refusant clairement que l'Afrique soit destinataire de toutes les incohérences du système international, le président algérien a exprimé sa conviction quant a la capacité de l'Afrique de s'affranchir de toutes ces pesanteurs. «Nous pensons, de ce point de vue, que le CAADP [Comprehensive Africa Agriculture Development Programm] représente un cadre privilégié, en même temps un instrument idoine pour agir dans cette direction», ajoutera-t-il avant de s'étaler sur la question primordiale de la promotion de l'investissement dans l'agriculture pour en améliorer la production et la productivité. Plusieurs axes de réflexion ont été développés dans cette perspective. «La validité et la pertinence du projet de marché agricole continental africain, pour lequel nous devons continuer à œuvrer, doit nécessairement renforcer la capacité de l'Afrique à résister aux crises importées et à gérer plus efficacement l'équation de son propre développement», propose-t-il avant d'illustrer son propos par l'expérience algérienne, communément appelée politique de renouveau agricole et rural. Il s'agit notamment d'un vaste programme de développement des cultures stratégiques à plusieurs volets dont on retiendra l'intensification céréalière, le développement de la production laitière, la résorption de la jachère, une politique efficiente de l'eau et une meilleure approche de production et de gestion des stocks de semences et de plants. Afin de soulager les difficultés financières des opérateurs agricoles, l'Etat algérien a même procédé, récemment, à l'effacement de l'intégralité de leurs dettes. De l'avis général, ici à Syrte, le plaidoyer de Bouteflika en faveur des paysans africains constitue un véritable programme de sauvetage et de promotion pour la filière agraire, qui passe aujourd'hui pour un préalable incontournable de la croissance économique sur le contient noir.