De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Les citoyens, notamment les jeunes sont ballotés entre les cris de colère face à l'insatisfaction de leurs doléances par les pouvoirs publics et les liesses de joie qui surgissent dans les moments glorieux et victorieux de leur pays. Au niveau de la wilaya de Bouira, il ne se passe pas un jour sans que les jeunes recentrent leurs discussions sur les chantiers qui sont lancés au niveau du chef-lieu et dans plusieurs localités. Les uns et les autres échangent les propos sur les différentes opérations, longtemps restées au fond des tiroirs de l'administration, et les nombreux projets dormants qui n'ont pas pu être concrétisés ni même lancés à cause de la bureaucratie et le manque de coordination entre les différents intervenants. Pourtant, il fallait juste secouer le cocotier pour que tout se mette en branle vers le déblocage. Ainsi, des citoyens ont constaté que, depuis une année, la ville de Bouira, de tout temps qualifiée de grand village, se métamorphose peu à peu et devient un grand chantier du chef-lieu. Des citoyens affirment que, depuis l'indépendance, la région n'a pas assisté à de pareilles opérations de grande envergure, qui s'effectuent à un rythme suivi et soutenu par les pouvoirs publics. Ces derniers ajoutent que l'essentiel reste à venir, à savoir la mise en place de vrais projets créateurs d'emploi et qui offrent des perspectives réelles à la jeunesse afin de sortir du chômage, du spectre des maux sociaux et des retombées du marasme social, qui poussent plusieurs jeunes au suicide ou à risquer leur vie, en quête d'un eldorado à l'étranger, en se transformant en harraga, qui est, selon A. Fadéla, un nouveau phénomène apparu ces dix dernières années dans le milieu de la jeunesse, où des milliers de jeunes diplômés n'ont pas trouvé les moyens d'une vie respectable et stable en Algérie. Cette diplômée en sciences politiques a indiqué qu'au début des années 1990 la tendance chez les jeunes, confrontés au marasme social et à la marginalisation, a fait que plusieurs d'entre eux aient rejoint les maquis terroristes après avoir subi des pratiques d'endoctrinement et d'influence par des milieux islamistes qui ont fait d'eux de vraies machines à tuer et à terroriser la population. Pour sa part, Y. Yahyaoui estime que l'Algérien n'a jamais été contre sa patrie et son pays, mais que c'est les gouvernants, à travers des politiques de tribalisme et de clanisme, qui ont poussé les citoyens à détester et manifesté leur colère. L'Algérien, quand il insulte, c'est une sorte d'opposition aux dérives des autorités, il a suffi que l'on gagne pour que toute l'Algérie jubile. C'est un message pour dire que le citoyen cherche un vrai changement.