De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche A l'instar de la majorité des citoyens du pays, c'est à travers les chaînes étrangères et la presse que les Bouiris ont pris connaissance de la crise financière et économique qui a secoué le monde, notamment les Etats-Unis et les pays européens depuis l'été 2008. Ils ont pu suivre aussi les conséquences mondiales de cette crise, dont les causes sont connues uniquement des spécialistes en la matière, ainsi que toutes les retombées qu'ont subies les populations, notamment les travailleurs qui se sont retrouvés du jour au lendemain sans emploi ou ont été mis en congé obligatoire en raison de la fermeture de plusieurs usines. Face au manque de débats contradictoires et d'éclaircissements sur cette crise qui a fait chuter les prix du pétrole à un niveau très bas, les citoyens se sont contentés de suivre les péripéties de ce crash économique, les événements engendrés à travers le monde et les multiples tentatives mises en place par les différents pays touchés pour sauver leur économie de la faillite. Malgré le tapage et les analyses les plus pessimistes qui ont été faits autour du risque d'extension de cette crise aux pays en développement, les citoyens qui étaient déjà sous l'effet de l'érosion de leur pouvoir d'achat et de l'augmentation inexpliquée des prix de nombreuses denrées alimentaires, ont continué à se contenter des déclarations faites par les différents responsables de l'Etat. Du côté de certains citoyens qui ont accepté d'aborder le sujet, on apprendra qu'ils ignorent les raisons et l'ampleur de cette crise et ils ne savent pas quelle attitude à adopter dans leur vie quotidienne. «Chaque week-end, je me rends au marché et, à cause des prix excessifs, je n'arrive même pas à avoir le strict nécessaire en fruits et légumes», a déclaré l'un d'entre eux. Cependant un universitaire a considéré que tôt ou tard les Algériens vont ressentir les conséquences drastiques de cette crise du fait que «en majorité tout ce que nous mangeons vient de l'étranger». D'autre part, K. Hemal, ingénieur en informatique, a attribué cette crise au déclin du système capitaliste en disant que, si notre pays semble être épargné pour le moment, c'est grâce aux mesures de protection qui ont été adoptées. Ainsi, même si ces déclarations donnaient lieu à des contradictions d'un ministre à un autre, les citoyens et les ménages n'ont pas généralement changé leurs habitudes de consommation. K. H. affirme ne pas être affecté par cette crise et qu'il est à l'aise dans ses dépenses quotidiennes inhérentes aux besoins de sa famille. En effet, le maintien de l'emploi au niveau des entreprises, l'ouverture de postes de travail et l'octroi de crédits pour la création de microentreprises dans le cadre des dispositifs de l'ANSEJ et de l'ANGEM au profit de quelques jeunes, ont non seulement permis à ces derniers de sortir de la situation de chômage, mais cela a incité des fonctionnaires à s'équiper en matériels électroménagers, véhicule personnel, équipement informatique et autres conforts d'une vie moderne et ce, grâce aux opportunités offertes par les concessionnaires et les crédits bancaires. Par ailleurs, un fonctionnaire proche des milieux islamistes indique aussi n'avoir pas adopté une attitude particulière depuis le début de ladite crise, considérant que celle-ci a été provoquée par l'échec du système bancaire appliqué dans le monde occidental et que, si ces institutions étaient régies selon les lois islamiques, il n'y aurait jamais eu cette crise, en faisant allusion, surtout, à la pratique du crédit qui est interdite par la charia. Paradoxalement, en pleine conjoncture économique difficile ayant causé l'augmentation des prix pratiqués sur le marché mondial pour les matières premières et les instruments de production, au moment où le pétrole, qui est la seule ressource nationale dont l'exportation rapporte de quoi payer et couvrir les besoins intérieurs, a vu son prix chuter en un temps record à un niveau critique et où le marché national et local des produits alimentaires enregistrait des flambées répétitives, les consommateurs locaux ont augmenté leurs achats en s'endettant. Au niveau des grandes agglomérations urbaines de la wilaya, plusieurs commerces se sont orientés vers la vente de certains produits alimentaires importés de l'étranger et le nombre de concessionnaires auto ou de matériels électroménagers a curieusement augmenté au cours de cette même période.