Photo : Riad Par Nacer Haniche Dans une wilaya où la pratique sportive peine à sortir de l'abîme et où le public attend toujours que l'une des équipes ou clubs de football se hisse au sommet du Championnat national, dans une wilaya où l'action culturelle en est encore à ses premiers balbutiements avec des activités programmées favorisant souvent le défoulement de jeunes, juste pour remplir un vide et sans susciter un impact majeur sur la scène culturelle locale, le public s'est intéressé, ces dernières semaines à travers la victoire de l'équipe nationale, à la production culturelle qui a marqué cet événement. Des centaines, voire des milliers de CD et de cassettes édités par des jeunes chanteurs à la gloire du onze national, ont été écoulés sur le marché. Invraisemblablement, la «chanson sportive» ou la chanson qui a accompagné, avec différents styles, la qualification de l'EN et sa suprématie face à l'équipe des Pharaons, est devenue bel et bien le produit culturel le plus prisé, ces derniers mois. En effet, alors que ce créneau n'avait enregistré, en 1982, qu'un petit nombre de chansons, produites notamment par Rabah Driassa, Mazouni et d'autre vedettes, lors des matches de la qualification de l'EN pour le Mondial de l'Afrique du Sud on a assisté à un florilège de mélodies, encore fredonnées à vive voix par les adolescents et les jeunes qui ne cessent d'exprimer leur satisfaction au sujet de la prestation des Verts durant les rencontres de ce mois de novembre et qui se sont soldées par une liesse populaire sans précédent à travers le pays. Ainsi, en kabyle, en arabe classique ou en arabe populaire, les chansons produites par des jeunes chanteurs des quatre coins du pays ont toutes convergé vers un seul thème, avec des styles raï, rap, folklorique et chaabi, le soutien de l'équipe nationale. Le résultat ne s'est pas fait attendre, même si la qualité de certains titres laisse parfois à désirer sur le plan de la musique et du texte, il y a lieu de croire que les différents chanteurs ont pu réussir sur le plan de l'audience. En effet, plusieurs magasins et disquaires dans la ville de Bouira continuent d'animer la scène locale avec ces chansons, alors que, sur la radio locale, les auditeurs ne cessent de demander le passage d'une chanson parmi celles qui ont égayé les différents quartiers de Bouira à la suite de la rencontre du Soudan. Par ailleurs, les jeunes, consternés par la campagne médiatique insidieuse menée contre l'Algérie (équipe, peuple et Etat) n'hésitent pas à arborer leur amour du pays et de ses symboles et continuent d'écouter ces chansons, comme une sorte de stimulateur pour le nationalisme par une jeunesse qu'on disait livrée à elle-même et qui a été touchée de plein fouet par les différentes crises qu'a connues le pays depuis les années 1990. À travers ces chansonnettes, de nombreux jeunes ont pu reconquérir leur attachement à cette terre, digne d'un atavisme qui se régénère, pour clamer leur identité et repousser la haine larvaire déclenchée par les médias du Nil. Face à cette déferlante de mélodies en soutien de la victorieuse équipe nationale, les animateurs de la scène culturelle s'attendent, puisque le parcours de l'EN va s'inscrire dans la durée, du moins jusqu'à l'été prochain, à voir l'émergence de nouveaux talents qui vont investir ce créneau et d'autres qui vont peut-être mettre en valeur leurs compétences dans le domaine des arts plastiques, des designers et même du théâtre afin d'animer la scène, avec des produits qui sèment la gaieté et la joie parmi la population.