Les résultats de l'examen du baccalauréat 2008/2009, qui seront proclamés de manière officielle aujourd'hui, feront certainement des déçus, le taux de réussite n'ayant pas dépassé 45,05%. C'est ainsi le plus faible de ces dernières années. Il n'est pas nécessaire de rappeler que les prévisions du premier responsable du secteur ont été invalidées par les délibérations tant attendues par la famille de l'éducation. Il faudrait en revanche voir de bons signes dans le taux de réussite : 45,05%, ce n'est pas loin de refléter l'état de l'école algérienne quand bien même des gens auraient aimé voir les résultats plus gonflés au détriment même du mérite. C'est pour cette raison qu'il est permet de croire que les résultats d'admission au baccalauréat sont logiquement proches de la réalité. C'est justement la grande victoire de cette fin d'année scolaire, qui vient décidément d'épargner à de nombreux Algériens de vivre des moments de peine là où le mérite et la qualité ont fait cruellement défaut. Personne n'ignore en effet que l'école algérienne n'assume plus son rang de lieu de savoir et d'intelligence depuis qu'elle est transformée en un espace où le bricolage, l'indigence et l'intolérance règnent en maître des lieux. Il y a ainsi un large consensus sur l'état d'inertie dans lequel s'est retrouvée notre école, une situation que les officiels tentent d'occulter par le biais des chiffres qui ne traduisent pas fidèlement la vie réelle de l'école et son impact sur la société. S'il est vrai que les présents chiffres de succès à l'examen du baccalauréat ne sont pas de nature à contenter tous les candidats ayant subi les épreuves, ils annoncent cependant la fin des tromperies que nous sert l'école algérienne à propos de sa propre production. Les taux de réussite dépassant les 60% enregistrés ces dernières années n'ont pas contribué à extirper de notre école le mal qui a couvé à plusieurs niveaux. Contrairement à ce que cela pourrait signifier, les grands chiffres n'ont généré que la dévitalisation du secteur. Il ne suffit pas d'enregistrer un taux de réussite appréciable pour conclure à une bonne santé de l'école. Les chiffres qu'annoncera aujourd'hui le représentant du ministère de l'Education nationale, au-delà du recul qu'ils signifient notamment en les comparant avec ceux de l'exercice précédent, dévoileront clairement -du moins partiellement- la vraie image de notre école. Une étape importante serait ainsi franchie dans la quête d'une réforme de l'école : évaluer de manière lucide, sans la moindre tromperie, avant de prétendre aller vers le mieux. Les chiffres, qui ont longtemps faussé le diagnostic de l'école algérienne, abordent une nouvelle ère : ils trompent moins. En attendant de livrer toute la vérité. A. Y.