Photo : Hacene Par Wafia Sifouane Profitant de l'opportunité offerte par le Panaf, dès la tombée de la nuit, les familles du quartier de Bab El Oued commencent à affluer vers la scène dressée dans l'espace Fadila Dziria, à l'Institut supérieur de la musique. Cette scène a abrité vendredi dernier une soirée dans les pures traditions africaines avec un cocktail artistique mijoté par deux troupes de danse. Les jeunes de Bab El Oued sont, eux, partis voir l'artiste Amine Henine sur la place El Kettani. Ainsi, familles et jeunes ont leurs scènes. Farida, une jeune maman accompagnée de sa fille Ilham, nous dira : «Je viens ici presque tous les soirs. Cela me permet de déstresser un peu. Le cadre est très agréable et, comme vous voyez, les femmes viennent en force dans cet espace.» Les premiers à monter sur scène sont les artistes de la troupe El Djawed du Sahara occidental. Vêtus de leurs tenues traditionnelles, ils offriront au public une belle palette de chansons tirées du patrimoine sahraoui. Les Algérois sont vite conquis par leur prestation qui les fait voyager au cœur du Sud. Ils découvrent avec plaisir la beauté de cette culture qui leur est étrangère. Les artistes de la troupe défilent un par un en interprétant chacun un morceau différent accompagné de youyous et d'une avalanche d'applaudissements. Les drapeaux algériens côtoyant celui de la République sahraouie sont fièrement brandis sur scène. Du côté du public, les jeunes filles arborent les mêmes drapeaux, créant ainsi un mouvement de solidarité entre les deux peuples. En guise d'hommage à la défunte Miriam Makeba, un artiste de la troupe lui dédie une chanson écrite par un autre membre du groupe, El Zaïm Allal, qui nous dira à la fin du spectacle qu'il a «voulu rendre hommage à cette grande dame à travers cette chanson qu'elle a déjà chantée en Algérie en 1969, lors du premier Panaf. C'est une façon pour nous de la ressusciter artistiquement».La troupe venue de Laayoun nous confiera que leur style est inspiré de la musique locale ainsi que de la musique africaine. Elle sera suivie par une chorale de la République de Namibie. Composée de 25 artistes entre danseurs et chanteurs, les Namibiens ont également vite subjugué le public. Leurs tenues traditionnelles n'ont laissé personne indifférent. Chaque artiste arborait une tenue représentant une région, une culture de la Namibie. Dirigé par un maestro, les danseurs se convertissent très vite en une chorale polyphonique que le public applaudira chaudement. Il est à souligner que ce spectacle a constitué un pont entre public et invités. Les spectateurs algériens ont fait preuve d'une grande hospitalité vis-à-vis des artistes africains et d'un intérêt certain pour leurs cultures, coutumes et traditions. De longues discussions se sont nouées entre Algériens et Africains. «C'est vraiment un plaisir de discuter avec eux. Il y a tellement de choses à découvrir !» nous déclare Djazia, en discussion avec sa voisine. Ainsi, la fraternité et le partage ont été au rendez-vous dans cette soirée. La mauvaise note sera pour l'espace Fadila Dziria où on n'a pas pensé à construire des loges pourtant nécessaires pour les artistes qui ont besoin de se concentrer et de se changer avant le spectacle, ce qu'ils feront dans des sanitaires mal finis. C'est un scandale d'autant plus que cet espace a récemment été inauguré.