Une des résolutions adoptées par le G8 à l'issue de sa réunion au sommet à L'Aquila, Italie, était que les riches s'engagent à débloquer vingt milliards de dollars pour lutter contre la famine. C'est cinq milliards de plus que ce qui a été décidé en 2005. Générosité des riches ? Sur les quinze milliards de dollars retenus en 2005 par les pays les plus industrialisés au monde, seulement cinq ont été affectés à l'Afrique. C'est peu. Et rien n'est encore acquis pour les Africains, puisqu'ils n'ont pas encaissé les fameux cinq milliards de dollars. Le continent noir ne semble pas constituer une priorité centrale dans l'agenda des riches, même si le troisième jour de la rencontre de L'Aquila lui a été consacré. Le G8 préfère consacrer du temps et des moyens à la crise, pour la juguler. Y réussira-t-il ? Peu probable, disent les plus optimistes. Une solution globale à la crise nécessite des moyens et des efforts de la part des pays riches, a fortiori de ceux qui en sont à l'origine. Les pays riches doivent aider les pays qui n'ont pas les moyens de relancer leur économie. Ils doivent être plus imaginatifs pour surmonter la crise, pour en contenir les effets. Des liquidités, d'abord : que les pays à revenus élevés, emmenés par les Etats-Unis et les pays riches en réserves comme la Chine et les pays exportateurs de pétrole, à commencer par ceux du Golfe, rassemblent deux mille milliards de dollars dans les cinq années à venir, c'est-à-dire environ un pour cent du produit intérieur brut des pays riches, pour aider les pays pauvres à participer au plan de relance budgétaire coordonné à l'échelle mondiale. La proposition est jugée intéressante. Elle a le mérite de la clarté. Tout le monde le sait, l'économie mondiale a besoin de beaucoup de liquidités pour se reprendre et tous les pays qui en ont les moyens doivent y contribuer. Seulement, cette manière de faire ne semble pas avoir suscité de l'intérêt dans le camp des pays riches, à L'Aquila. Pourtant, ces derniers savent que la crise persiste et qu'ils ne semblent pas avoir suffisamment de marge de manœuvre. Et ce n'est pas du pessimisme béat. Certains estiment qu'une reprise économique en 2010 est possible mais qu'il y a beaucoup, beaucoup d'incertitudes. La crise risque de durer longtemps. Y. S.