Les acteurs du G8 et ceux des pays émergents ont débattu pendant trois jours sur les principaux sujets qui preéoccupent le monde à l'heure actuelle. Le changement climatique, le pétrole, la pauvreté et la famine, la crise économique, le système financier et la transparence fiscale ont été abordés avec plus ou moins d'insistance et sans parvenir réellement à des objectifs précis à court terme. Réunis depuis mercredi à L'Aquila, en Italie, les huit pays les plus puissants de la planète ont accordé un regard particulier sur les questions les plus sensibles qui doivent être prises en charge en urgence. Sans détour il s'agit, entre autres, de la lute contre la faim dans le monde. Dans cette perspective, les travaux du sommet se sont achevés sur l'engagement des participants à mobiliser 20 milliards de dollars sur trois ans pour lutter contre ce phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur. Une maigre consolation pour le milliard de personnes qui souffrent de malnutrition dans le monde, lorsqu'on sait que l'objectif que ces mêmes puissances s'étaient engagées en 2005 à atteindre en consacrant 50 milliards de dollars à l'aide au développement des pays africains, reste lettre morte. Seuls 23 milliards ont été débloqués et à travers des contrats de partenariat ou l'effacement d'une partie des dettes africaines. Toutefois, lors des travaux du G8 avec des puissances émergentes et des pays africains, "nous avons eu la satisfaction de pouvoir passer de 15 à 20 milliards de dollars", s'est félicité le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, lors d'une conférence de presse. Cet argent doit permettre d'accroître les investissements dans l'agriculture dans les pays en développement. A l'issue de cette rencontre, le G8 a assuré que l'Afrique ne serait pas oubliée dans la crise économique. "Nous (...) demeurons profondément préoccupés par la sécurité alimentaire mondiale, l'impact de la crise financière et économique et la flambée des prix des produits alimentaires de l'année dernière, qui a touché les pays les moins à même de faire face à l'aggravation de la faim et de la pauvreté", indique une déclaration intitulée "Initiative de L'Aquila sur la sécurité alimentaire". "Si les prix des denrées alimentaires de base ont baissé depuis leur niveau record de 2008, ils restent historiquement élevés et instables", s'inquiètent-ils, alors que la flambée des prix a entraîné, l'an dernier, des émeutes de la faim dans plusieurs pays. Il est utile de signaler que la FAO, agence des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, recense plus d'un milliard de personnes souffrant de la faim dans le monde, 100 millions de plus que l'an dernier. "C'est un basculement majeur" du G8, s'est félicité Kanayo Nwanze, président du Fonds international pour le développement agricole (Fida). "De l'aide alimentaire, qui revient à donner un médicament à un enfant qui est déjà malade, vers l'aide aux pays à mettre eux-mêmes en place les bonnes politiques afin de produire de la nourriture", a-t-il relevé. Jacques Diouf, directeur général de la FAO, a aussi salué "un heureux et encourageant changement de politique". Le G8 et les pays africains invités se disent "préoccupés par la pénurie croissante des ressources en eau et par le manque dramatique d'un accès durable à l'eau et aux systèmes sanitaires dans de nombreux pays africains", dans une déclaration commune. Selon eux, cette situation est un "des obstacles majeurs au développement durable, à la création de richesse et à l'éradication de la pauvreté" sur le continent. "Nous sommes déterminés à bâtir un partenariat plus fort entre les pays d'Afrique et du G8 pour améliorer l'accès à l'eau et aux systèmes sanitaires" afin de parvenir "à des résultats concrets sur le terrain", assurent-ils. Les pays du G8 aideront notamment les pays africains à construire des infrastructures pour améliorer l'accès à l'eau. Ils s'engagent aussi à "améliorer la coordination" avec les donneurs pour que l'aide soit plus efficace et à faire en sorte que l'aide "reflète mieux les priorités nationales". Dans le même contexte le G8 a approuvé des principes sur "l'investissement agricole international", pour éviter que des pays pauvres ne dilapident les terres vivrières, alors que les investisseurs étrangers se ruent sur les parcelles cultivables, en Afrique notamment. Ils ont également réaffirmé leurs promesses d'augmenter l'aide publique au développement en faveur de l'Afrique et d'accroître avec d'autres donateurs de 25 milliards de dollars par an cette aide sur la période 2004-2010. Concernant la libéralisation du commerce mondial, les participants ont convenu de la nécessité de revenir aux négociations de Doha afin d'assurer le libre marché avant 2010. A les entendre, les représentants des pays riches seraient tous opposés aux pratiques protectionnistes. Mais les pays émergents et ceux en voie de développement se sentent en droit de demander pourquoi alors, l'Union européenne accorde deux euros de subvention par vache pour soutenir les éleveurs européens, alors que la majorité des Africains vit avec moins d'un dollar par jour ? Par ailleurs, le G8 et les pays émergents indiquent qu'ils se réuniront au niveau des ministres du Commerce "avant le sommet de Pittsburgh" du G20, les 24-25 septembre aux Etats-Unis. Sur un autre volet, le sommet n'a pas permis de parvenir à un accord global sur la prévention des changements climatiques par la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Des pays émergents, comme l'Inde et la Chine, ont rejeté les recommandations des huit pays les plus industrialisés, arguant de la responsabilité de ces derniers dans la pollution de l'environnement et ont demandé à ce que des fonds substantiels soient dégagés avant de décider que d'ici 2050, au moins 50% des émanations dangereuses devaient être réduites. Hamid M.