En dépit de quelques lacunes et insuffisances, les droits de l'homme en Algérie sont en constante amélioration. De colossaux efforts ont été déployés sur le plan de la législation. Il ne reste qu'à donner une plus grande rigueur relative au volet application. C'est ce qui ressort du débat organisé hier au quotidien El Moudjahid, à la faveur du forum quotidien organisé par ce dernier, et dont l'intitulé était les droits de l'homme et les textes nationaux de référence. Lors d'une intervention remarquable, Me Azzi, responsable de la cellule assistance judiciaire auprès de la cour d'Alger, a relaté le processus par lequel sont passés les préposés au dossier de la réconciliation nationale pour le règlement de situations parfois d'une grande complexité. Il citera, à titre d'exemple, la délivrance d'attestations de décès, qui ont nécessité des recherches approfondies dans certains cas. S'agissant du cas des disparus, l'orateur relève qu'il y a plus de 6 000 cas recensés. Selon Me Azzi, certaines familles avaient déposé des plaintes face aux lourdeurs de l'administration pour le règlement de leurs cas. Répondant à ceux qui, prenant comme en exemple la France, ont appelé à la nécessité d'accroître le rôle dévolu à l'avocat au niveau des commissariats et chez le procureur de la République, le conférencier dira que, récemment, le président Sarkozy avait lui-même proposé une loi en vertu de laquelle le procureur de la République devrait disposer de plus grandes prérogatives. «C'est vous dire que tout est finalement relatif», lancera-t-il. Lors de son intervention, Me Benabdallah Saïd, avocat et président de l'Association internationale pour la liberté et le droit des peuples, tentera de répondre aux questions suivantes : «Qu'est ce que les droits de l'homme ?» et «Y a-t-il de par le monde une définition commune au concept des droits de l'homme ?». Pour l'orateur, nonobstant des différences inhérentes à certains détails, les droits de l'homme doivent impérativement prendre en ligne de compte le droit de l'individu à l'existence ainsi que le respect de ce même individu. Il regrettera le fait que des pays comme la France, où la déclaration des droits de l'homme y a vu le jour, ait commis des atrocités lors de sa colonisation de notre pays, ne se souciant guère du droit du peuple algérien à vivre dans la dignité. La même virulence des propos a été relevée au sujet d'Israël qui n'a pas hésité à assiéger tout un peuple, ne se souciant guère des recommandations internationales qui reconnaissent le droit des Palestiniens à leur autodétermination. Enumérant les mécanismes permettant de protéger et de consolider les droits de l'homme en Algérie, Khababa Ammar, avocat et gestionnaire du dossier de la réconciliation nationale, insistera pour dire que des structures comme le parlement, la justice, les partis politiques, la commission nationale consultative des droits de l'homme, la société civile et les mass médias avaient un très grand rôle à jouer en matière d'ancrage du concept de droits de l'homme en Algérie. «Nos aïeux savaient ce que le concept des droits de l'homme voulait dire. Dans ce cadre, le comportement de l'émir Abdelkader vis-à-vis des prisonniers de guerre français (il refusait de leur porter atteinte moralement ou physiquement) est à méditer à plus d'un titre.» Fustigeant les ONG internationales luttant pour l'émancipation des droits de l'homme, Mme Nouria Hafsi, secrétaire générale de l'Union nationale des femmes algériennes (UNFA), estimera que ces dernières sont, dans leur écrasante majorité, manipulées. Pour l'oratrice, ces associations ne cherchent pas la défense des droits de l'homme dans notre pays mais recherchent plutôt la déstabilisation de ce dernier. «Que de fois ces organisations n'ont-elles pas fustigé la réconciliation nationale, affirmant que les libertés syndicales étaient bafouées. Il faut que ces associations sachent qu'elles n'ont pas de leçons à nous donne en matière de doits de l'homme», martèlera l'oratrice. Parlant du droit des femmes, elle affirmera que des progrès ont été faits dans ce sens. En guise d'exemple, elle parlera du code de la famille dont l'article 52 a été modifié en 2005. «Il était inconcevable que l'on reste les bras croisés alors que des femmes répudiées, à la faveur de l'article en question, étaient jetées à la rue», soulignera-t-elle, non sans faire allusion aux efforts déployés dans la lutte contre la violence sur les femmes. B. L.