Photo : Hacène De notre correspondant à Constantine A. Lemili Les activités artistiques et culturelles décentralisées du Festival culturel panafricain ne risquaient pas d'avoir l'impact qui pouvait être attendu de ses promoteurs, notamment ceux qui sont loin du terrain et ce sont les plus importants. Nous évoquons, bien entendu, ceux qui à partir de la capitale s'agencent cette manifestation continentale et qui remplissent leur mission ou jouent le rôle qui leur est dévolu, à savoir livrer en vrac des artistes et leurs prestations dans une cité trop habituée à des modèles et genres musicaux éculés. Cela étant, le décalage était par voie de conséquence… obligatoirement énorme entre la nature même du spectacle et le profil d'une grande partie du public, même si, en culture comme en football, le langage est universel.Il n'y a pas lieu, toutefois, de se leurrer, mais la déconnection était totale entre les plateaux proposés, exception faite d'artistes nationaux, même si parmi certains d'entre ceux qui ont fait le déplacement, les Constantinois n'ont pas été sans remarquer la présence de beaucoup de ringards. Des blogueurs locaux n'avaient pas hésité, d'ailleurs, à lancer un petit sondage sur les premières prestations. Les réactions des internautes ont eu l'allure d'une véritable douche froide pour les organisateurs. Justement, les organisateurs, parlons-en. Quand la direction de la culture invite pour une conférence de presse et essaie d'obtenir auprès des journalistes des informations sur la «célébrité ponctuelle» autour de qui tourne cette conférence, il semblerait qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond et confirme tout ce qui peut se dire sur leur distanciation par rapport à tout ce qui touche au secteur et, surtout, à ses disciplines artistiques. Pis, la plus grande partie de nos confrères sans distinction d'âge ne sont pas fournis éclectiquement sur le plan musical et vaquent pratiquement en parallèle avec le ou les acteurs principaux de l'évènement prévu au théâtre de Verdure. Là, également, exception faite des jeunes confrères qui restent, néanmoins, «scotchés» aux stars locales, nationales et internationales, lequelles ne leur sont pas éloignées sur le plan de l'âge ou dont la notoriété est littéralement planétaire. A titre d'exemple, Manu Dibango, et heureusement parce qu'il est vraiment cool, s'est montré très irrité de certaines questions de confrères et jusqu'au représentant de la direction de la culture qui a été prompt à lui poser la question qui fâche : «Pourquoi avoir choisi de vivre en France ?» que la star internationale a pris comme un reproche, voire une provocation.Il est, donc, difficile pour les Constantinois de penser ou de faire des prospectives sinon donner des appréciations sur les manifestations du Panaf quand ceux qui sont censés leur fournir des indicateurs ne sont pas «branchés». Quant aux responsables, c'est pire encore, mais est-on en droit de tirer sur l'ambulance quand nul n'ignore que les responsables ne sont finalement que de bons et fidèles scribes dont le rôle le plus concret possible est de signer en fin de mois des feuilles d'attachement, de débloquer des salaires et d'adresser des rapports administratifs à la tutelle ?Il appartient, ensuite, à cette hiérarchie de faire mousser, de se gargariser et de ne tirer que des satisfactions de toute manifestation quelle qu'elle soit. Oser affirmer que le Panaf a fait se pâmer les habitants de la ville des Ponts relèverait du plus gros mensonge, d'autant plus que les conditions matérielles et d'accueil sur les lieux laissaient plutôt à désirer. Ensuite, il y a eu cet impondérable qu'on ne peut heureusement imputer aux organisateurs : les aléas de la météo (orage) qui ont entraîné l'annulation de spectacles et, parfois, laissé planer le doute sur la tenue d'autres. En conclusion, il y a peu de chances que la manifestation continentale constitue une locomotive pour l'avenir et, encore moins, que les responsables en gardent un bon souvenir. Parce qu'en aparté, ils affirment unanimement que «le Panaf leur a pourri la vie, ne serait-ce que parce qu'il a compromis les départs en congé».