Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili Quelque peu absconses ont été, au cours de la rencontre internationale sur «les jeunes et la ville» organisée par le Laboratoire, lundi et mardi derniers, au CNFPH de Constantine, les interventions de deux communicants sur le rapport des jeunes avec la culture en général et le cinéma en particulier. Le débat contradictoire -nécessaire parce que ne pouvant découler que sur des propositions ou des solutions fructueuses qui émergeraient des joutes verbales des deux enseignants et surtout à l'avantage de l'assistance, notamment les étudiants en psychologie et sociologie- allait pourtant laisser affleurer des affirmations pour le moins étranges, rendu encore plus complexe par l'intervention modératrice de la présidente des travaux pour qui «en amont, pour booster la culture, la volonté politique est réelle et omniprésente ; ce serait plutôt en aval que se situeraient les blocages du fait en général de l'incompétence des acteurs de la chaîne de responsabilité et du commandement». La présidente de séance était donc la première à répondre à l'enseignante qui fournissait avec force de données obtenues sur le terrain toutes les informations, dont certaines fournies par «Dz. Maana» (pousse avec nous, ndlr) une association culturelle vraisemblablement engagée sur l'état des lieux en matière d'infrastructures et équipements culturels dans la ville des Ponts, rappelant ce que La Tribune a régulièrement soutenu depuis plus de cinq ans, à savoir «l'inexistence de salles de cinéma opérationnelles dans la ville, un nouveau théâtre de verdure mal conçu et qui a très peu de chances d'amortir culturellement son coût financier pour les trente années à venir au vu de l'utilisation parcimonieuse des espaces réalisés», la communicante remettant en cause toute volonté d'aider une jeunesse, laquelle, par voie de conséquence, s'est retrouvée dans l'obligation d'opter pour la Toile avec tout ce que ce choix laisse supposer comme conséquences négatives : dissipation des études, décrochage scolaire, altération des valeurs morales et, surtout, ancrage risqué et durable dans un univers virtuel jusqu'au phénomène de l'accoutumance. Le deuxième intervenant, qui a pris la parole spontanément et sans réel souci de contrarier sa collègue, estime pour sa part qu'«il faudrait se poser la question sur la nécessité finalement d'avoir des infrastructures et équipements culturels qui ne serviraient à rien sachant que les jeunes d'aujourd'hui, en raison d'options médianes (Internet, vidéo, CCF) sont très peu enclins à les fréquenter». Les deux enseignants, malgré la qualité de leur intervention, ou la pertinence, c'est selon, n'ont vraisemblablement pas connaissance des réalités du terrain, l'un n'ayant en fait comme support de travail que le rapport d'une association culturelle et l'autre plus ou moins sans accointances réelles avec la chose culturelle. Ce qui les a conduit à s'appesantir foncièrement de façon académique sur un sujet pratique qui, il est vrai, est ignoré des jeunes parce que la situation remonte à plus d'une vingtaine d'années. Les jeunes de 20 ans et moins ne connaissant d'ailleurs même pas le principe de fonctionnement d'une salle de cinéma, l'origine de l'image projetée, le support du film… parce que considérant parfois qu'il s'agit d'une copie gravée à partir d'un DVD et s'interrogeant souvent, voire posant des questions, notamment quand il s'agit d'une première fois, sur la présence d'un… drap blanc collé au mur et trop habitués à des projections à partir d'un rétroprojecteur sur un écran escamotable. Reste maintenant que la pertinence de l'appréciation faite par la présidente de séance et qui a tourné autour de la compétence ou de l'incompétence des responsables est incontestable sauf qu'elle a été rapidement survolée alors qu'il s'agit du problème nodal de la situation générale qui y prévaut. Il faut souligner que, malgré l'importance du sujet abordé, l'atelier a pris fin sur un goût d'inachevé, en ce sens que tous les intervenants au cours du débat ont soliloqué sur une situation dont ils ne connaissaient pas les tenants et aboutissants. Autrement dit, ils n'avaient aucune idée de l'état des lieux.