Le FLN, au beau milieu de l'été qui sera chaud, léthargique, suivi par le Ramadhan peu propice à la réflexion et au travail, met sur le tapis des problématiques qui caractérisent le degré de démocratisation dans une société qui veut s'ancrer dans l'universel et quitter en même temps les rivages «siesteurs» de la spécificité. Cette dernière qui peut être un simple alibi, le refus de réformes systémiques, est en fait une rente majeure qui a ses propres mesures d'accompagnement : «transition» éternelle, instabilité chronique, «redressement» partout et anecdotiques… En s'interrogeant sur la pertinence actuelle du pluralisme politique et syndical, sur celui des médias, sur les codes de la wilaya et de la mairie, le FLN est dans son rôle. C'est un parti qui, par le nombre de parlementaires nécessaire et suffisant pour réfléchir et proposer une batterie de lois susceptibles, du moins au plan législatif, de faire faire au pays un bond qualitatif à même de rendre pérennes des mécanismes démocratiques aux plans culturel, économique et politique, et d'inscrire l'Algérie sur la liste des pays africains voulant rejoindre le siècle et les modes de gouvernance qui font de certains pays les premiers de la classe, qui impriment au monde une démarche et sans lesquels rien ne peut se faire. A l'évidence, la cellule de base du socle institutionnel, démocratique, de la représentativité populaire qu'est la mairie a des siècles de retard. Comparée à celle des villes au Japon, en Australie, en Europe et aux Etats-Unis, l'APC locale n'est qu'un minuscule appendice d'un ou plusieurs partis, sans pouvoir, sans argent, sans la noblesse conférée à des femmes et des hommes élus par leurs concitoyens sur la base d'un programme, de projets sanctionnés à chaque scrutin. Il en est de même pour les APW dont les missions sont, pour le grand nombre, un mystère insondable. Sont-elles les équivalents du land allemand, de la région en France, d'un Etat aux Etats-Unis, d'un démembrement espagnol, d'un canton suisse ? Rien de tout cela, Les questions posées par le FLN à ces niveaux peuvent être pertinentes, écoutées par d'autres formations politiques qui, dans le débat entre pouvoir et opposition, peuvent aboutir à des consensus, à des représentations populaires légitimes, au-dessus de tout soupçon. Mais est-ce l'objectif du FLN ou bien s'agit-il de petites querelles à l'intérieur de la majorité au Parlement ? Les questionnements du FLN sur le foisonnement des partis qui a réduit, dans la forme, l'expression du pluralisme à une cacophonie ne sont pas satisfaisants s'ils ne portent que sur la quantité «industrielle» des formations politiques. Il y a aussi et surtout de recenser les interdits et les obstacles objectifs, médiatiques et financiers qui pèsent sur l'opposition et de nombreuses associations qui, elles aussi, sont des indicateurs dans une démocratie. Est-ce que la pluralité se retrouve dans les médias ? L'interrogation du FLN, si elle n'est pas juste une occupation estivale, a le mérite premier, indiscutable, de s'arrêter un instant sur le nombre ahurissant, tout bonnement incroyable, de quotidiens du matin qui apparaissent chaque jour dans le paysage. Leur coût, du moins celui des titres tenus à bout de bras, directement ou non, par l'argent du contribuable, a de quoi faire rêver ceux qui aspirent à voir ou à créer des revues spécialisées, des magazines pour les jeunes, etc. Les devises pour l'importation du papier, les ardoises à l'imprimerie, de l'argent sorti de nulle part pour des «sièges» à l'américaine, le manque à gagner pour le fisc et la Sécurité sociale accompagnent des dizaines de journaux. Heureusement qu'il y a la douzaine, à peine, de titres qui sont en règle, qui sont lus. Mais le FLN, par l'intermédiaire de ses parlementaires, enquête sur la gabegie publicitaire étatique. Il saura qui édite quoi avant de proposer, c'est son droit, une loi sur l'information ou bien sur la communication. A ne pas confondre. Il y a matière à occuper l'été du patriarche des partis. A. B.