Décidément, rien ne semble en mesure de juguler, plutôt de ralentir un tant soit peu la marche triomphante et impassible du commerce informel. D'autant que cette pratique nationale, et quasi religieuse, ne se gêne aucunement pour s'en aller allègrement planter ses décors où bon lui semble et lui plaît, au gré d'appétits, de saisons et de circonstances diverses, ne cessant jamais de conforter les faiseurs de l'informel dans leur sens de la prospective fortement rémunérante et aussi aisément jouable face à des tactiques de dissuasion qui ne dépassent que dans de très rares cas l'âge très limité d'une campagne, lorsqu'elles ne sont pas carrément étouffées dans l'œuf. Il n'y a d'ailleurs qu'à oser la désagréable promenade dans ce grand souk qu'est devenue, entre autres villes, Alger pour se rendre à la désagréable évidence qu'on a beau chasser l'informel, il revient toujours au galop, encore plus fort qu'auparavant, sous bonne et garantie escorte des containers et du libre commerce, avant d'aller manifester une partie de sa force sur les trottoirs et chaussées ou encore sur les étals des magasins. Mais l'informel qui triomphe ne s'entretient pas par sa seule présence dans ces espaces où il jouit souvent de la saine complicité d'un citoyen préférant fatalement cette offre à l'envolée des prix plus que triomphante et légitimée par une succession de paramètres pas toujours crédibles comme on veut souvent le faire admettre dans les sphères du commerce légal. L'informel s'exprime également autrement, par la force, la menace et l'usurpation d'espaces de fonction, à l'image de ces parkings décrétés tels par n'importe qui sur des espaces qui appartiennent à tout le monde sans appartenir à personne. Un véritable chantage qui dit clairement et impunément son nom et qui semble reproduire ses réflexes et artifices actuellement sur les plages où des espaces sont squattés et aménagés en parasols, chaises et autres tables avant d'être déclarés propriétés privées et louables aux estivants qui, justement, avant d'y atterrir auront sans doute eu à débourser les dinars nécessaires pour trouver place dans des parkings improvisés à l'occasion de la saison estivale. Simple prolongement de pratiques dont la raison d'être, de se déployer et de s'implanter ne trouve pratiquement plus de résistance citoyenne dans un environnement où tout, ou presque, fait peur. Et lorsque la peur est sur la ville, elle est aussi sur la plage. D'autant que, dans ces cas, c'est la ville et sa loi de la jungle qui prennent le bord de la mer. L. I.