Photo : S. Zoheir De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur Pendant longtemps on a débattu et on ne cesse de débattre les problèmes pour que Tlemcen puisse vraiment devenir une ville capable de se maintenir dans le temps, de garder une identité, un sens collectif, un dynamisme à long terme. Pour se projeter dans l'avenir, la ville a besoin de tout son passé, d'une distance critique par rapport au présent, de sa mémoire, de son patrimoine, de sa diversité culturelle intrinsèque et de projets multidimensionnels. Le mot durable explique en premier lieu la ténacité des villes, des villes phénix que les destructions ne parviennent pas à achever et qui renaissent de leurs cendres, telles que beaucoup de villes algériennes comme Sétif, Aïn Témouchent, etc. En effet, la ville durable doit pouvoir offrir une qualité de vie en tout lieu et des différentiels moins forts entre les cadres de vie. Cette exigence appelle une mixité sociale et fonctionnelle, ou, à défaut, des stratégies pour favoriser l'expression de nouvelles proximités : commerces et services de proximité, nature et loisirs de proximité, démocratie de proximité, proximité aussi entre les différentes cultures de la ville, entre les groupes sociaux, entre les générations. Une ville durable est, en conséquence, une ville qui se réapproprie un projet politique et collectif, renvoyant à grands traits à un programme bien défini par les responsables, qui veillent à un développement équitable sur les plans écologique, social, culturel, etc. Il s'agit à Tlemcen, de réduire à la fois les inégalités sociales et les dégradations écologiques en considérant les impacts du développement urbain à différentes échelles. La «durabilité» dont l'horizon serait seulement local n'a pas de sens en termes de développement durable, caractérisé par le souci des générations présentes et futures, du local et du global. Il s'agit en somme de trouver des solutions acceptables pour les deux parties, ou encore, de ne pas répercuter les coûts du développement urbain sur d'autres populations, générations, ou sur les écosystèmes. Ainsi, dans le cadre d'un nouvel art de vivre en ville, beaucoup reste à faire pour transformer Tlemcen en une véritable mégapole. Car l'enjeu du développement durable est très lié à la problématique de l'ensemble des villes qui accueillent 80% de la population. Les villes, en particulier les métropoles, sont de grandes consommatrices d'énergie, sources de nuisances et de pollution. Pour faire face à ces problèmes, il est indispensable d'évoquer notamment le plan écologique, culturel, architecture, etc. Ceci explique que Tlemcen, cette région à triple vocation (culturelle, industrielle et touristique), et les différents projets lancés, dont certains ont été achevés, ont offert un nouveau look à la région. Bitumage des routes, réalisation de campus, de cités universitaires, d'annexes administratives, d'écoles, de logements… ont conduit à un désenclavement des localités alentour tout en créant des emplois. Mais en dépit de tout cela, le chômage persiste et les chiffres avancés ne reflètent point la réalité. Tlemcen, qui s'étend sur 9 017 km2, avec sa SAU de 354 000 hectares, ses 3 200 ha d'arbres fruitiers, ses 217 000 ha de forêts… semble avoir réussi à relever le défi grâce à la politique de développement. Quiconque constate à travers tout le territoire le signe d'un dynamisme évident, où une telle croissance est toutefois efficace contre tous les risques de déséquilibre. Les responsables ont choisi de mener une politique volontariste pour réorienter le développement de la ville vers l'ouest et le nord tout en maîtrisant l'urbanisation. Il s'agissait, à la fois, de rééquilibrer l'expansion des quartiers ouest, qui accueillent encore à ce jour plus de la moitié de la population, en marquant l'urbanisme par des réalisations dignes de la métropole que Tlemcen est devenue. La wilaya de Tlemcen, qui compte 53 communes et 20 dairates, avance à pas lents, mais mesurés. En effet, avec son technopole et l'achèvement du tronçon l'autoroute Est-Ouest sur 100 km… et outre les grandes réalisations, Tlemcen aura acquis le statut d'une véritable région méditerranéenne. Et que dire si les responsables encouragent davantage l'investissement touristique en donnant toutes les garanties aux investisseurs, étrangers et nationaux. A Tlemcen on constate des réalisations à grande échelle. Mais la région ne se contente ni de réalisations de prestige ni de constructions de nouveaux quartiers. Ceux existants sont aussi l'objet d'une programmation permanente visant à les embellir et à faciliter la vie de leurs habitants. Quelques opérations sont, à ce titre emblématiques, aux premiers rangs desquelles figurent la réhabilitation, l'assainissement, l'éclairage public, sans oublier cette mise en valeur du patrimoine, l'aménagement d'équipements et l'espace public qui permettent de rendre le cœur de la ville plus accueillant. Même constat au niveau de certaines daïras : pour accompagner sa croissance, la wilaya de Tlemcen mise sur le développement durable en intégrant le long terme, l'environnement, le progrès social et le dynamisme économique dans sa stratégie urbaine. Plusieurs projets sont en cours pour mieux répondre aux exigences des habitants, que ce soit en matière d'eau, d'enseignement, ou encore de raccordement en gaz naturel. Même les quartiers subissent leur mue. D'autre part, en sa qualité de capitale du Maghreb, de ville d'art et d'histoire, Tlemcen a réalisé beaucoup, notamment des équipements exceptionnels, comme par exemple un palais des congrès, des centres d'artisanat, une médiathèque, une gare routière etc. Tlemcen vit et ne cesse de vivre des heures de grands travaux, où déjà des zones d'aménagement concerté ont fait sortir de terre un ensemble résidentiel et d'activités autour de grands équipements structurants… Un taux de 95% de scolarisation, plus de 90% de raccordement en AEP, la moitié de la population bénéficie du gaz de ville et 98% de l'électricité ; ce qui explique qu'aujourd'hui, les Tlemcéniens n'ont plus besoin d'une campagne électorale pour se faire dire que leur région compte des universités, des laboratoires de recherche, des logement, de l'eau, le gaz de ville… Sauf que nos jeunes peuvent toujours rêver et espérer qu'un jour nos «forces vives» se pencheront sur des modèles, pour les extraire des affres du chômage et de la délinquance. Que les populations de Tlemcen soient rassurées, nos politiciens veillent au grain. La capitale des Ziyanides et certaines villes de la wilaya ont retrouvé le chemin de la prospérité grâce à la mise en place d'un organisme pour agir comme levier économique du secteur des affaires de la ville, devenue vulnérable ; conséquence due à une démographie galopante et à l'exode rural qui a fait naître des quartiers illicites, voire des bidonvilles. Le lancement d'un nouveau plan d'aménagement prouve qu'une démarche dans le contexte du désenclavement de la ville, du réaménagement des places publiques et de l'amélioration des rues et des trottoirs, de la mise en service des trémies joindra ainsi l'interminable liste des organismes (APC, DUC, TP) par des travaux de concertation, plans de développement, pour projets visant à créer un nouveau visage de la ville qui ne cesse de grandir. La santé d'une ville se mesure au talent de ses responsables et à la rigueur de ses travailleurs, à la créativité de ses citoyens, au prix accordé à la diversité et à la vigueur de son secteur, désir de collaboration vers la réussite. Tlemcen est en mesure de concurrencer les autres villes. Elle occupe une place importante dans le développement du pays, avec sa zone industrielle, ses potentiels touristiques, sa capacité dans le secteur de l'enseignement supérieur. De plus, Tlemcen façonne une culture de collaboration qui englobe tous les secteurs de l'économie. En effet, bon nombre d'entreprises tlemcéniennes font aujourd'hui concurrence à d'autres à l'échelle mondiale. Il s'agit, entre autres, du groupe Mazari-Sitel-Lachachi. «Nous constaterons que la création d'une ville prospère est également une affaire de collaboration et de compétitivité, d'innovation et d'adaptation. Il est crucial de créer de la richesse dans un contexte environnemental durable et équitable lorsqu'il s'agit d'attirer des entreprises et de la main-d'œuvre. Cela revêt encore plus d'importance parce que les villes et les entreprises doivent faire face au changement et à sa gestion», dira un expert en économie. Cela explique que la stratégie de Tlemcen permettra de situer une ville par rapport à l'innovation, à la compétitivité et à la prospérité et ce, pour les deux prochaines décennies, surtout avec les nouveaux projets réalisés et d'autres en cours, en dépit de certains autres non lancés faute d'entreprises soumissionnaires. Aujourd'hui, «Tlemcen a tellement changé qu'on n'arrive pas à le croire», dira tout habitant remarquant quotidiennement le changement qui ne cesse de faire de la ville une ville moderne, car, en promenant le regard sur la région, l'on y trouve des paysages enchanteurs, de nouveaux édifices, à l'image du technopole de Imamat, en cours de réalisation, d'une capacité de 20 000 places pédagogiques, des cités universitaires de 12 000 lits, une zone industrielle qui emploie plus de 9 000 personnes. En matière d'exportation de produits, Tlemcen enregistre environ 20 millions de dollars annuellement, à savoir du zinc en pastilles, du zinc métal, du zinc en lingots, de l'acide sulfurique, ainsi que des produits manufacturés tels que les couvre-lits, les rideaux et nappes, babouches diverses, tapis, selles de chameau, fétiches, tenues traditionnelles, poisson frais et ce, en direction de plusieurs pays, notamment la Syrie, le Chili, la Grèce, la Tunisie, la France, l'Espagne... Malgré les efforts consentis, les autorités doivent savoir que la bonne planification du développement de la ville doit assurer et promouvoir constamment l'avenir de Tlemcen en termes de qualité de cadre de vie pour tous ses habitants. Elle doit créer les conditions de développement économique ainsi que le maintien et le développement de l'espace naturel et culturel de toute une région qui s'étend sur 9 017 km2.