Propos recueillis par Wafia Sifouane La tribune : Pour votre première visite en Algérie que pensez-vous de ce pays ? Yuri Buenaventura : En effet, c'est la première fois que je visite l'Algérie, un pays que j'avais hâte de découvrir, qui a beaucoup souffert, comme le mien [Colombie] mais d'après ce que j'ai vu vous avez un très beau pays à conserver, des richesses à exploiter. J'ai vu une jeunesse algérienne porteuse d'espoir. Les médias occidentaux ont beaucoup terni l'image de l'Algérie mais dès mon arrivée j'ai su que tout était faux. Les gens sont vraiment bien, très bien même, et, ce soir, je leur ferai découvrir ma culture. Vous êtes connu pour vos différents styles musicaux pouvez-vous nous décrire votre musique ? Je ne dirais pas que ma musique est de la salsa car je trouve ce mot irrationnel, car ma construction de la musique est faite d'anticipation tel que le folklore ou le genre gnawa et à travers mes compositions je véhicule des communications intimes. Certains trouvent vos chansons engagées, est-ce vrai ? Je ne trouve pas mes chansons particulièrement engagées, car cet engagement je le respire comme tous mes concitoyens colombiens. Cela est mon identité, je viens d'un pays martyr et l'Algérie est un modèle pour nous, donc je fais une sorte de pèlerinage chez vous pour me donner du courage. De nos jours tout est manipulé par la religion moi je crois en un seul dieu et la foi est un début à tout. Le début de l'indépendance et de l'espoir. On a remarqué que vous êtes très à l'aise au milieu de notre culture, à quoi cela est-il dû ? A Buenaventura, [ville colombienne sur le Pacifique, ndlr] il ya une présence libanaise très importante. Suite à la colonisation espagnole, la Colombie abrite aujourd'hui plusieurs cultures arabes et moye-orientales et cela on le sent dès que l'on arrive en Colombie. Quel est la particularité de votre musique ? Dans ma musique j'utilise le «marasse», un instrument de chaman, à la fois sacré et populaire ; je chante aussi le boléro qui est une musique romantique. Hélas, nous avons subi de grands massacres de la part de nos colonisateurs, donc je me suis retourné vers les chants populaires imprégnés de douleur. Un message pour le pays hôte ? Il faut chanter «Ya dellali…» (rire). Je pense que les jeunes doivent prendre soin de leurs pays car, comme j'ai pu le constater, l'Algérie n'est pas ce pays que l'on nous a présenté. C'est un pays où il fait bon vivre, un pays avec un peuple extraordinaire. Comptez-vous y revenir ? Probablement oui ! Avec mes parents pour un long séjour. Il faut que je leur fasse partager cette aventure.