Photo : Zoheïr Par Wafia Sifouane à bas les clichés et les idées reçues, tel semble être le slogan des milliers d'Africains à avoir rejoint la capitale algérienne pour la 2ème édition du Panaf. L'Algérie, ce pays à la réputation longuement entachée par le terrorisme, a réussi cependant à montrer une belle image. En tant que pays méditerranéen, maghrébin et surtout africain, l'Algérie semble avoir habité le cœur de nos visiteurs.Rencontrés lors de l'exposition de l'artisanat tenue au palais de la Culture, certains de nos invités africains n'ont pas hésité à nous faire part de leurs premières impressions quand ils ont débarqué en Algérie. Aisément et sans aucune retenue ; ils nous confient leurs craintes et leurs avis divers. Assise en tailleur, une vieille dame venue de Swaziland nous dira que «ce festival représente une grande opportunité pour les Africains car ils nous a permis de nous réunir. De voir ce qui se passe autour de nous et surtout de faire des échanges culturels». Elle nous soulignera toutefois quelques points qui l'ont dérangée surtout du côté organisationnel. «A chaque fois que nous quittons la résidence, nous sommes accompagnées par un service de sécurité. Nous n'avons même pas le droit de visiter la ville», déclara-t-elle avec une légère tristesse avant d'ajouter : «Quelles sont vos langues nationales ? Car j'ai remarqué que rares sont les gens qui parlent anglais et c'est un grand obstacle pour nous.» Les mains occupées à confectionner un collier de perles, spécialité de son pays, elle nous confiera aussi qu'avant de rejoindre l'Algérie elle était excitée comme une gamine à l'idée de découvrir ce pays. «Je n'ai pas eu du tout peur. Au contraire, j'étais très enthousiaste et j'avais hâte de voir l'Algérie.» Concernant son avis sur les Algériens, elle nous le résuma en un seul mot : «up» c'est-à-dire «des gens au top». Avant la fin de la discussion, la dame, très appliquée dans son travail, nous déclare que les visiteurs ne sont pas très nombreux. «On passe toute la journée ici, mais il n'y a pas beaucoup de visiteurs, ni de clients», dira-t-elle dépitée. Les visiteurs et les clients n'auraient certainement pas manqué si les exposants avaient songé à réviser à la baisse les prix des articles présentés. Car il faut remarquer que les objets artisanaux exposés sont pour la plupart proposés aux prix qu'on affiche pour les touristes. De l'autre côté du salon, dans le stand du Ghana, Mark, le responsable, ravi de notre visite, nous accueille chaleureusement. «Les Algériens sont très sympathiques», déclare-t-il d'emblée. «Le Festival panafricain est une très bonne idée pour rassembler les peuples africains. Il y a un véritable échange culturel et social. Nous avons tellement besoin de ce genre de rencontre et cela pour nous unir», affirme ce jeune Ghanéen résidant en Grande-Bretagne. «A chaque fois que je vais dans un pays, je me documente et je fais des recherches très approfondies sur son histoire, sa géographie et sa culture. J'ai un esprit très ouvert et je n'écoute pas les ragots. Je ne crois que ce que je vois de mes propres yeux», conclut-il avant de demander avec une touche d'humour : «C'est par où le mont de l'Atlas ?» Pour sa part, la jeune Togolaise Anne-Marie nous révélera, elle, qu'avant sa venue en Algérie, ses amis lui avaient bourré la tête avec plein de fausses idées. «On m'a dit que c'est un pays où les gens vivent à l'européenne. Que les gens sont très différents de nous et qu'ils n'avaient rien d'africains. Mais je vois que les Algériens ne sont pas très différents de nous, ce sont des Africains, c'est juste qu'ils ont la peau blanche», dit-elle avec un sourire.