Au sortir des Championnats des Etats-Unis et de Jamaïque, qui ont eu lieu à Eugene (Oregon) et Kingston, tous les ingrédients sont réunis pour que le bras de fer entre Usain Bolt et Tyson Gay soit l'apothéose des Mondiaux, du 15 au 23 août à Berlin. Si Gay, qualifié d'office en tant que double champion du monde en titre (100 et 200 m en 2007 à Osaka), n'avait qu'à faire acte de présence à Eugene pour valider son billet pour l'Allemagne (il n'a couru que sa série), Bolt devait, lui, en passer par le piégeux système éliminatoire des sélections jamaïcaines. Le triple champion olympique et triple recordman du monde s'en est parfaitement acquitté, signant sur 100 m la meilleure performance mondiale de 2009 (9.86) face à un vent légèrement négatif (-0,2 m/s), en coupant son effort en fin de course pour passer la ligne avec ses index posés sur les lèvres. Une course qui a sonné comme une réponse bien sentie au joli chrono claqué par Gay à Eugene. Ses 9.75, avec certes un vent bien au-delà de la limite (+3,4 m/s), sont venues conforter l'impression laissée par ses 19.58 sur 200 m (3e performance de l'histoire) fin mai à New York, et font de Gay un vrai rival d'Usain Bolt, et clairement pas un simple faire-valoir. Sur 200 m, Bolt a passé le virage comme un éclair avant de se relâcher sur la ligne droite pour enlever tranquillement la victoire en 20.25, avec un vent contraire (-2,4 m/s). Une course qui l'a juste «satisfait». «Horrible» A la question de savoir s'il lui paraît possible d'envisager le record du monde de Bolt (9.69), l'Américain Gay a répondu par l'affirmative. «Quand je serai techniquement plus sûr dans les starting-blocks, je pense que oui, a-t-il dit. Il [le record] est là, j'ai la mécanique, j'ai le staff, il est là...» Le niveau de confiance du sprinteur du Kentucky semble élevé. Suffisamment pour qualifier de «techniquement horrible» sa ligne droite avalée en 9.75 ventées. D'autant qu'il se voit comme un «gars dans l'ombre» de Bolt. De Jamaïque, Bolt a répondu que son record ne serait pas si facile à faire tomber, surtout pour un coureur (Gay) «plus de 200 m que de 100 m». Pour l'instant, le programme estival les deux stars ne prévoit pas d'affrontement direct avant Berlin mais un organisateur de meeting européen très fortuné pourrait peut-être infléchir ces positions de principe. L'autre enseignement du week-end est que Gay et Bolt ne souffriront pas d'une concurrence acharnée à Berlin.A Eugene, Michael Rodgers a gagné les Championnats US du 100 m en 9.91, mais dans le vent (+3,1 m/s). «Je crois que je peux faire une médaille à Berlin», a-t-il assuré. Il doit sûrement penser au bronze. Un métal dont devra peut-être se contenter Asafa Powell. Le deuxième homme le plus rapide du monde (9.72) a seulement signé samedi son premier chrono sous les 10 secondes de la saison (9.97). Sa blessure à une cheville semble mettre du temps à se dissiper. «Je suis plutôt content pour une course en gros courue sur une jambe», a-t-il dit. Il y a toutefois des chances que même les deux ne lui suffisent pas pour venir troubler dans moins de deux mois la hiérarchie actuelle du sprint.