De notre envoyé spécial à Sapporo (Japon) Moumene Belghoul L'île nipponne de Hokkaido vit depuis quelques jours en pleine fièvre du G8. En débarquant à l'aéroport de Sapporo, troisième ville du pays, on est happé par l'atmosphère y régnant. En plus du taux d'humidité suffocant, le sommet du G8 est partout présent, depuis l'aérodrome jusque dans les artères et rues de la ville. A une soixantaine de kilomètres de là au bord du lac Toya et loin du tumulte et de la chaleur de la métropole, se tiendra la réunion des 8 pays les plus industrialisés. Cette dernière commence aujourd'hui après l'arrivée des chefs d'Etat et de gouvernement. Premier signe de la sécurité ultra renforcée : les représentants des Etats sont emmenés par hélicoptère de l'aéroport vers le lieu du Sommet. Pour le regroupement d'aujourd'hui, les pays industrialisés du G8 comptent évoquer un certain nombre de problèmes liés à la crise mondiale. Mais ils auront surtout à confirmer leur promesse de doubler l'aide au continent africain d'ici à 2010. Malgré les réticences de certains membres du G8, les Japonais comptent user de tout leur poids pour y parvenir et recueillir l'unanimité. Les responsables du G8 «n'ont pas l'intention de revenir sur leur engagement» de porter leur aide à l'Afrique de 25 à 50 milliards de dollars en 2010, nous confirmera un responsable des affaires étrangères japonais. Pour rappel, les pays du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) avaient pris cet engagement lors du fameux Sommet de Gleneagles en Ecosse en 2005. Lequel sommet a été ébranlé par les attentats de Londres. Pour parer à tout dérapage, le gouvernement japonais a mis les gros moyens. Des mesures de sécurité draconienne sont ainsi déployées. Ces dernières sont visibles de façon ostentatoire. Les dirigeants du G8 sont rassemblés dans une zone ultra sécurisée pour garder à distance les manifestants et autres altermondialistes qui se font bruyants, notamment dans la ville de Sapporo. Plus de 5 000 personnes ont défilé dans cette ville du nord du Japon en protestation contre l'organisation du Sommet dans leur pays. Les journalistes sont également confinés à Rusutsu, une station de sport d'hiver à soixante kilomètres de Toyako. Les habitants de Sapporo sont quelque peu désarçonnés par le fait que leur ville soit autant «occupée» par des journalistes et des policiers. M. B. Les sujets au menu du Sommet du G8 à Toyako Les dirigeants des huit grandes puissances du G8 vont aborder une série de sujets brûlants, de la crise alimentaire à la situation au Zimbabwe, de lundi à mercredi, à Toyako au Japon : Flambée du dollar et des prix alimentaires Les prix record du pétrole et la flambée des prix des produits alimentaires, qui menacent la croissance mondiale, occuperont la première place au menu des préoccupations des huit pays les plus industrialisés. Les dirigeants du G8 veulent prendre des mesures concrètes pour enrayer la crise qui alimente l'inflation mondiale et aggrave la pauvreté dans le monde. Plusieurs mesures sont à l'étude pour augmenter la productivité agricole dans les pays en développement, approvisionner certaines régions en semences et engrais, voire lever les restrictions aux exportations des pays riches vers les pays pauvres. Le président américain George W. Bush suggère pour sa part de lever les barrières aux cultures génétiquement modifiées. Une déclaration sur les moyens de stabiliser les marchés mondiaux, alors que l'économie américaine est en berne, sera également étudiée. Changement climatique Après leur accord a minima au dernier sommet du G8 en Allemagne en juin 2007, promettant d'«envisager sérieusement» une réduction d'au moins 50% des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050, les Huit sont pressés de confirmer un véritable engagement en ce sens. Mais les Etats-Unis restent hostiles à la définition d'objectifs chiffrés auxquels ne seraient pas soumises les grandes économies émergentes, comme la Chine ou l'Inde. Le développement et l'Afrique Devant les leaders de sept pays africains -dont l'Algérie, le Sénégal, l'Afrique du Sud et le Nigeria- invités à une session spéciale du Sommet lundi, les Huit seront mis devant leurs engagements de doubler leur aide à l'Afrique. Au Sommet de Gleneagles (Ecosse) en 2005, ils avaient promis d'augmenter cette aide de plus de 25 milliards de dollars d'ici à 2010 pour la porter à 50 milliards de dollars par an. Zimbabwe Les Huit doivent discuter de la réélection du président zimbabwéen Robert Mugabe, largement condamnée par la communauté internationale, et de la légitimité de son gouvernement. Le président Mugabe, au pouvoir depuis 1980, a été investi le 29 juin pour un sixième mandat à la tête du Zimbabwe après un scrutin où il était seul en lice, son opposant Morgan Tsvangirai, arrivé en tête au premier tour, s'étant retiré de la course en raison des violences contre ses partisans. Corée du Nord Les cinq pays qui négocient avec Pyongyang d'une dénucléarisation de la Corée du Nord -Etats-Unis, Chine, Japon, Russie, Corée du Sud- doivent examiner les moyens de vérifier que les installations nucléaires nord-coréennes sont bien démantelées. Iran Les leaders du G8 discuteront de la réponse de l'Iran, donnée la semaine dernière, mais pas encore rendue publique, à une proposition des six grandes puissances d'une offre de coopération en échange d'une suspension de son programme d'enrichissement de l'uranium.