Par Hiba Sérine A.K Les sommets du G8 se succèdent et se ressemblent. Le jeu du chat et de la souris entre organisateurs de sommets et altermondialistes se poursuit inéluctablement à chaque rendez-vous. Ce sommet, se distingue, particulièrement par sa conjoncture. C'est en un effet, un monde en crise qui voit les superpuissances se rencontrer pour débattre surtout de la crise de l'énergie et la hausse du prix du baril en nette croissance qui secoue le marché du pétrole.Les altermondialistes, fervents défenseurs écologiques, militent depuis des lustres pour la réduction des émissions de gaz et son effet dévastateur sur la planète. Ceux-ci ont ajouté à leur agenda cette fois-ci la crise alimentaire mondiale et la famine sans cesse croissante dans les pays pauvres de la terre.C'est encore un sommet chaud qui s'annonce aujourd'hui, avec la présence confirmé du président américain G.W.Bush et du fraîchement entrant en fonction de président de l'Union européenne, le français Nicolas Sarkozy. Des milliers de militants altermondialistes et d'agriculteurs venus de différents pays se sont rassemblés samedi, là où se retrouveront lundi les dirigeants des huit grands pays industrialisés (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) Des militants de l'ONG britannique Oxfam International ont mis en garde contre les effets de la hausse des prix alimentaires et du réchauffement climatique sur la pauvreté dans le monde. Ils ont organisé une parodie des dirigeants du G8, avec notamment le Premier ministre japonais Yasuo Fukuda et le président américain George W. Bush, chantant en karaoké le tube d'Abba "Money, Money, Money". Antécédents D'importantes mesures de sécurité ont été prises pour encadrer les manifestants. Des policiers anti-émeute portant des casques et des boucliers étaient déployés dans le parc. Car des affrontements parfois violents entre policiers et manifestants ont marqué plusieurs G8, et un jeune altermondialiste a trouvé la mort au sommet de Gênes en Italie en 2001. Un bon millier de protestataires ont été aussi arrêtés l'an passé lors du sommet de Heiligendamm en Allemagne, selon l'association des avocats européens démocrates. Le Japon s'attend à des manifestations de moindre ampleur, au moins en raison de la distance qui sépare l'archipel de l'Europe ou de l'Amérique dont viennent nombre de militants. Précautions Mais par crainte de troubles et d'attentats, le gouvernement japonais a nettement renforcé les mesures de sécurité. 21.000 membres des forces de sécurité ont été déployés pour assurer la sécurité du G8, auquel participeront du 7 au 9 juillet les chefs d'Etat et de gouvernement du G8. Une trentaine de syndicalistes sud-coréens venus participer à des manifestations contre le G8 se sont vu interdire l'entrée du territoire japonais, a-t-on appris vendredi auprès de l'organisation altermondialiste G8 Action Network. Ces militants sont affiliés à l'organisation internationale de mouvements paysans Via Campesina, a précisé cette organisation, ajoutant que des militants du syndicat sud-coréen KCTU avaient été retenus à l'aéroport. " Nous ne reculerons pas devant cette répression ", a déclaré samedi un responsable du KCTU, applaudi par la foule. Les organisateurs de la manifestation de Sapporo ont demandé aux participants d'éviter la violence et les affrontements avec la police. Des milliers de manifestants se sont rassemblés samedi à Sapporo, dans le nord du Japon, sous forte surveillance policière, pour appeler les dirigeants du G8 à agir contre la crise alimentaire mondiale lors de leur sommet qui s'ouvre lundi. Quelque 5.000 manifestants selon les organisateurs - syndicalistes, manifestants pacifistes, agriculteurs ou étudiants - se sont rassemblés dans un parc de Sapporo, la ville la plus proche de la station thermale de Toyako, sur l'île de Hokkaido, où se retrouveront lundi les dirigeants des huit grands pays industrialisés. Des milliers de policiers anti-émeute, portant des casques et des boucliers, étaient déployés dans le parc et le centre-ville pour éviter les débordements, alors que des affrontements parfois violents entre policiers et manifestants ont marqué plusieurs sommets du G8 dans le passé. Deux manifestants ont été arrêtés, selon les organisateurs. Le Japon s'attend à des manifestations de moindre ampleur que lors de précédents sommets du G8, au moins en raison de la distance qui sépare l'archipel de l'Europe ou de l'Amérique d'où viennent nombre de militants. Mais par crainte de troubles et d'attentats, le gouvernement japonais a nettement renforcé les mesures de sécurité pour ce sommet qui réunira du 7 au 9 juillet les chefs d'Etat et de gouvernement d'Allemagne, du Canada, des Etats-Unis, de France, de Grande-Bretagne, d'Italie, du Japon et de Russie. Quelque 21.000 membres des forces de sécurité ont été déployés dans les rues de Tokyo et autant sur l'île de Hokkaido. Avant la manifestation, une centaine d'agriculteurs et pêcheurs ont déployé des banderoles et crié des slogans dans le parc pour appeler le G8 à prêter davantage attention aux producteurs de produits alimentaires. Des militants de l'ONG britannique Oxfam International ont mis en garde contre les effets de la hausse des prix alimentaires et du réchauffement climatique sur la pauvreté dans le monde. " Ce n'est pas le moment de prendre des vacances, c'est le moment de régler les problèmes ", a déclaré Lucy Brinicombe, d'Oxfam. " Il ne faut pas qu'ils détournent leur attention de la recherche de solutions à la crise alimentaire et au réchauffement climatique ". Les prix des denrées alimentaires ont presque doublé en trois ans, selon la Banque mondiale, ce qui a provoqué des émeutes dans les pays en voie de développement. La chancelière allemande Angela Merkel a annoncé qu'un " vaste catalogue de mesures pour garantir l'alimentation mondiale " devait être adopté au sommet du G8, dans une interview à un journal allemand à paraître ce dimanche. " Nous ne devons pas violer la loi ou poser des problèmes aux habitants ", ont-ils ajouté dans un tract. Vers un G8 élargi Face à la flambée des prix du pétrole, à la crise alimentaire, à celle des subprimes et aux enjeux climatiques, le G8 est-il encore une enceinte pertinente pour discuter des problèmes globaux ? Le fait que les grands pays émergents, Chine et Inde en tête, ne fassent pas partie du club rend la question de plus en plus aiguë. Ces doutes figurent en toile de fond du G8 qui doit se réunir du 7 au 9 juillet à Toyako, sur l'île d'Hokkaido, dans le nord du Japon. lG8 : lancé en 1975 à l'initiative du président français, Valéry Giscard d'Estaing, le premier de ces forums s'est tenu à Rambouillet, à six pays (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Italie, Allemagne, Japon), pour discuter de façon "informelle" des désordres monétaires et de la crise pétrolière. Le "club" a intégré le Canada en 1976, puis la Russie, invitée à partir de 1998. lG5 : ce groupe informel réunissant la Chine, l'Inde, le Brésil, le Mexique, et l'Afrique du Sud s'est structuré à partir de 2005, au moment du G8 de Gleneagles. Depuis le "processus d'Heiligendamm" du G8 de 2007, le G5 est associé aux travaux du G8. lMEM : lancé en septembre 2007 à l'initiative des Etats-Unis, le Major Economies Meeting réunit les pays du G8, ceux du G5, ainsi que l'Indonésie, l'Australie, et la Corée du Sud. Ce forum vise à préparer un accord sur les questions climatiques pour l'après-2012. Ses membres représentent 80 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Comment parler des défis économiques ou environnementaux si la Chine, troisième économie mondiale après les Etats-Unis et le Japon, et désormais premier pollueur de la planète, n'est pas autour de la table ? Comment résoudre le problème des coûts du pétrole si un seul pays producteur d'hydrocarbures, la Russie, est présent ? En cette année marquée par la triple crise du pétrole, de l'alimentation et des réseaux financiers mondiaux, c'est un G8 dilué, à multiples formats, qui a été convoqué. Jamais autant de participants n'avaient été invités, comme pour tenter de remédier à une structure dont l'omnipotence est illusoire. L'Algérie sera de la partie Le 7 juillet, sept pays africains (Afrique du Sud, Algérie, Sénégal, Ghana, Tanzanie, Nigeria, Ethiopie) seront représentés pour aborder la question de l'aide au développement. La journée du 8 juillet sera centrée sur le G8 à proprement parler, avec, au menu, l'économie mondiale. Mais le moment fort du sommet se jouera le 9 juillet, lorsque sera abordée la question climatique, avec une réunion en format G13 (G8 plus la Chine, l'Inde, le Brésil, le Mexique, et l'Afrique du Sud) et une autre en G13 + 3, avec l'arrivée de l'Indonésie, de la Corée du Sud et de l'Australie. Ce dernier format, surnommé G16, a été rajouté par les organisateurs japonais à la demande des Etats-Unis. Cela n'a pas enchanté les Européens, qui y voient une tactique pour s'écarter des mécanismes de l'ONU de lutte contre le réchauffement climatique. La question de l'après-Kyoto, de ce qu'il adviendra après 2012 en termes d'engagement des Etats à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, reste ouverte. Le premier ministre japonais, Yasuo Fukuda, hôte du sommet, a placé le climat en tête de ses priorités, mais les diplomates entretiennent des doutes sur la capacité de ce G8 à aboutir à un résultat tangible. Pour le Japon, ce sommet comporte un aspect délicat : la place croissante assignée à la Chine, sa grande rivale en Asie. Face à l'inclusion du format G13 dans le sommet, le Japon a été d'autant plus soucieux de faire venir des dirigeants africains, pour montrer que la Chine n'est pas seule à courtiser ce continent riche en ressources. Le Japon avait accueilli avec succès, en mai, à Yokohama, un sommet de pays africains. L'une des innovations devrait cependant porter sur l'introduction de mécanismes de financement inédits (avec notamment la Banque mondiale) pour aider les pays émergents à se doter de technologies "propres" susceptibles de sauver le climat.