De notre envoyé spécial à New York Kamel Amghar Le président de la République se rendra aujourd'hui à New York aux Etats-Unis d'Amérique pour participer à la soixante-quatrième session ordinaire de l'Assemblée générale des Nations unies. Considéré, et à juste titre, comme l'un des principaux porte-voix du continent africain, Abdelaziz Bouteflika prendra une part active à ce sommet planétaire qui se penchera sur les préoccupations brûlantes de l'actualité internationale. Le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde, le dérèglement climatique et ses conséquences catastrophiques dans le tiers-monde, la situation dramatique des droits de l'Homme dans plusieurs régions en conflit, la récession économique et son impact désastreux sur les pays en développement, notamment en Afrique, les graves conséquences de cette «décroissance» sur les programmes d'urgence destinés à l'assistance humanitaire, la justice et le droit international, le désarmement et le contrôle des activités nucléaires, la lutte contre le terrorisme et le crime organisé et, enfin, la réforme et la démocratisation des instances onusiennes. L'ordre du jour est, en effet, bien chargé et répond, il est vrai, à un contexte international inédit qui exige des propositions courageuses et des mesures énergiques pour endiguer les nombreux périls et les innombrables menaces qui compromettent les chances de paix et de prospérité un peu partout à travers le monde. A commencer, en premier lieu, par la problématique globale du climat et de la prolifération de nouvelles maladies avec leurs risques omniprésents de pandémies. Sur ce point précis, l'Afrique porte toute la responsabilité sur les pays industrialisés. Elle fonde essentiellement son argument sur les embûches dressées devant le protocole de Kyoto et nombre d'autres initiatives similaires. Lors du dernier sommet de l'Union africaine, tenu à Syrte au mois de juillet dernier, Bouteflika avait beaucoup insisté sur «la vulnérabilité particulière de l'Afrique face aux phénomènes climatiques dont tout un chacun admet pourtant l'absence de responsabilité africaine». Un constat qui vaut également, tient-il à ajouter, pour les effets subis du fait de la crise alimentaire mondiale et les entraves qui empêchent l'aboutissement du cycle de Doha. De nombreux experts du continent noir ont, depuis, exhorté nommément les leaders de l'UA, dont Abdelaziz Bouteflika, pour concevoir et proposer des outils de compensation qui tiendraient compte des intérêts de l'Afrique. Une quête de justice et d'équité qui passe, selon de nombreux spécialistes, par une profonde réforme des instances onusiennes. Les puissances émergentes tiennent aujourd'hui à avoir leur mot à dire. Les nouveaux candidats à un siège permanent au Conseil de sécurité, principal organe de l'ONU, se veulent plus insistants que jamais. Indiens, Allemands, Japonais et Brésiliens, en prétendants sérieux, oeuvrent à l'instauration d'un nouvel ordre qui serait plus équitable. A l'image «révolutionnaire» du président brésilien, Luis Ignacio Lula Da Silva, qui plaide pour «la suppression du droit de veto», en prélude à une démocratisation «vraie» du Conseil de sécurité. Un argument qui sera reconduit par le président de cette 64ème session de l'ONU, le libyen Ali Abdussalam Treki, qui souligne avec force que les alliés, sortis victorieux de la Seconde Guerre mondiale, ont eu la part du lion dans la création de l'Organisation. «Il n'est plus possible pour l'ONU, qui comprend 192 Etats membres, de rester l'organisation qu'elle a été lorsqu'elle n'en comprenait que 50», tranche-t-il, soulignant l'impérieuse nécessité d'un nouvel ordre multipolaire et égalitaire. Ce sommet onusien intervient également au moment où de nombreux développements saisissants se sont produits sur la scène internationale. Citons à ce sujet le rapport de l'ONU sur les droits de l'Homme qui accuse Israël de «crimes contre l'humanité commis à Ghaza», la résolution de l'AIEA qui somme l'Etat hébreu d'ouvrir son arsenal nucléaire aux contrôles de l'agence, les multiples pressions exercées sur la droite israélienne au pouvoir pour l'arrêt immédiat et total de la colonisation, le gel du projet de bouclier anti-missile américain et la timide reprise dans les rapports russo-américains, les rebondissements du dossier nucléaire iranien et la politique de la nouvelle administration américaine en Palestine, en Irak et en Afghanistan. Autant de détails inédits qui vont peser immanquablement sur cette 64ème Assemblée générale de l'ONU. Est-ce un nouveau monde qui se dessine ? A l'issue des travaux de cette AG de l'ONU, Abdelaziz Bouteflika ralliera Caracas pour une visite d'Etat de deux jours. Le Venezuela entretient ces dernières années de très bonnes relations avec l'Algérie. La collaboration multisectorielle et les échanges économiques entre les deux pays connaissent une impulsion nouvelle. Depuis l'arrivée d'Hugo Chavez au pouvoir, et à la faveur d'un rapprochement politique et diplomatique entre les deux parties, d'importants contrats ont été passés entre les entreprises des deux pays, notamment dans le domaine énergique. Cette visite s'inscrirait logiquement dans l'optique d'un réel raffermissement de cette dynamique bilatérale. Le chef de l'Etat conclura sa tournée américaine par une visite similaire à Cuba, allié historique de l'Algérie. Les deux Etats développent, pour rappel, une coopération technique assez étroite dans de nombreux domaines comme la santé, l'agriculture et le sport. Cette relation privilégiée est aujourd'hui appelée à connaître de nouvelles perspectives avec l'ouverture progressive des économies des deux pays.