Photo : Sahel Par Amirouche Yazid Nos universités ouvriront leurs portes demain. Pour une nouvelle année universitaire qui ne différera sans doute pas des précédentes. Fidèle à un discours en déphasage avec la réalité, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, a annoncé jeudi dernier que «les moyens importants mobilisés favorisent l'émergence des conditions de promotion de la qualité de l'enseignement et de la formation supérieurs» en avancant «la nécessité d'une prise en charge diligente et efficace des préoccupations de tous les acteurs du secteur dans l'intérêt de l'institution universitaire et de l'élite nationale qu'elle héberge». La vie à l'intérieur du campus renvoie cependant un message qui contraste avec celui de la tutelle. Le malaise est plutôt extensible. Perpétuel. Du jour de l'inscription à celui de l'obtention du diplôme. Le nouveau inscrit se heurte à des problèmes de tout genre dès son accession à la fac, l'ancien est blasé de voir les choses statiques sans le moindre signe d'un changement. Pendant que celui qui se rapproche de la porte de sortie vit des moments d'angoisse, partagé entre le plaisir d'obtenir son diplôme universitaire et les incertitudes de demain. Chez les enseignants, les déceptions sont d'une autre nature. Elles convergent néanmoins pour illustrer tout le mal de notre université qui perd son propre contrôle. L'enseignant algérien attend toujours des conditions de travail meilleures. Il rêve d'un salaire digne et décent qui ne soit pas inférieur à celui de son confrère mauritanien. Il aspire à bénéficier d'un environnement scientifique qui favorise la recherche pour ne pas succomber à la tentation de l'exil. C'est à ce prix qu'il sera motivé pour transmettre son savoir aux générations futures. La situation de notre université a besoin d'une remise en cause sans complaisance. Finalité : définir où elle en est face aux récentes et multiples mutations aussi bien celles émanant de la société que celles venues du monde extérieur dont convient de comprendre la portée et de maîtriser l'impact. Il faudrait d'ores et déjà cesser de mentir au sujet de l'université. Le remède passe par se dire d'abord la vérité. Le diagnostic réel renseigne sur l'état d'inertie dans lequel s'est retrouvée notre université, une situation que les officiels tentent malheureusement d'occulter par le biais des chiffres qui ne traduisent pas fidèlement l'évolution réelle de l'université et son impact sur la société.