On demande aux jeunes d'être volontaires, ambitieux, de se battre pour leurs objectifs et d'avoir un idéal à poursuivre. Quel but est plus prestigieux que celui de vouloir s'engager dans la voie du savoir ? C'est une fierté pour tout pays que des centaines de milliers de ses enfants postulent à des concours de magistère dans le but de pousser plus loin leur soif de connaissance, d'un côté, et, de l'autre, de se donner plus de chances d'accéder à un poste de travail prestigieux. Faire partie de l'élite et tirer le pays vers le haut. Depuis l'indépendance, l'université algérienne s'est donné un idéal : démocratiser l'accès à l'éducation et à l'enseignement supérieur. L'option adoptée et menée tambour battant a fini par submerger le marché du travail de demandeurs d'emploi titulaires d'un diplôme universitaire. Une licence ne suffit plus dès lors pour accéder à un poste de travail. Il en faut plus pour se démarquer. Mais les places pédagogiques disponibles pour la post-graduation sont limitées. D'où la convoitise. Ce qui implique l'entrée en force des sports nationaux : corruption et népotisme. La place se vend cher. Les heureux élus, dans la majorité des cas, sont connus d'avance. Les listes des bénéficiaires se font et se défont au gré des réclamations. Les candidats, nombreux au concours de magistère, ne savent plus quoi penser. Tout leur cursus scolaire et universitaire est remis en cause. Un rêve caressé durant plus d'une vingtaine d'années est battu en brèche. La réalité refroidit les ardeurs. Non seulement les voies du savoir sont difficilement pénétrables, mais celles du travail sont encore plus complexes. L'épilogue d'une carrière studieuse est souvent brutal. Celle-ci ne dépend plus simplement de la volonté ou de l'ambition des jeunes. D'autres paramètres, plus terre à terre, entrent en jeu. Pourquoi s'efforcer de se surpasser quand les dés sont pipés ? Quand l'accès au savoir est régi par les mêmes règles que l'accès aux postes d'emploi, aux crédits bancaires et autres marchés économiques, les jeunes n'ont qu'une simple note à faire figurer en marge de leur avenir : point final. S. A.