Photo : Riad Par Kamel Amghar Les Verts sont sur toutes les lèvres. Ils sont dans tous les cœurs aussi. L'équipe nationale de football passionne manifestement toute l'Algérie. A la faveur des résultats réalisés dans les éliminatoires jumelées de CM-CAN 2010, l'EN prend effectivement de la dimension et remonte, de manière spectaculaire, au classement général de la FIFA. Occupant le 36ème rang à l'échelle mondiale et la 7ème place en Afrique, les fennecs font depuis des mois la fierté et la joie des millions de supporters et de sympathisants. Il s'agit d'un véritable phénomène social sans commune mesure par ailleurs. Saisissant toute l'importance de ce « mouvement de fond», les médias et la presse suivent l'actualité de la sélection de très près. La moindre bribe d'information a évidemment son pesant «commercial». Cet engouement généralisé n'a pas échappé non plus aux entrepreneurs aux opérateurs économiques qui affluent pour parrainer les activités du groupe. Il faut souligner à ce propos que la Fédération algérienne de football a adopté une nouvelle politique en la matière. Plaidant pour la professionnalisation de la discipline, l'instance suprême du football algérien a ouvert la porte aux sponsors privés pour renflouer ses propres caisses et offrir les meilleures conditions de travail à l'élite nationale. Depuis son installation à la tête de la FAF, Mohamed Raouraoua fait feu de tout bois dans le but déclaré de diversifier les partenaires de son organisation et de consolider son assise financière. «Il nous faut passer à une autre étape de gestion sans quoi nous serons relégués et nous ne pourrons plus rattraper le train», ne cesse-t-il de marteler à ce sujet. Son appel a été parfaitement entendu. Plusieurs groupes nationaux et étrangers, saisissant toute l'importance de l'investissement dans l'image, ont consenti d'énormes sommes financières pour promouvoir leurs marques à travers la marche triomphale des Verts. Evidemment, on ne peut trouver meilleur support publicitaire. L'opérateur émirati de téléphonie mobile, Nedjma, met 300 millions de dinars sur le tapis. Le groupe agroalimentaire Cevital le rejoint avec 40 millions de dinars. Le géant mondial de la boisson gazeuse, Coca-Cola, y a «investi» 1,4 million d'euros. L'équipementier allemand, Puma vient de ravir la palme à son concurrent français, le Coq sportif, en déboursant la coquette somme de 1,1 million d'euros. Et la liste est encore longue. De nouveaux prétendants à l'exploitation de l'image des Verts se bousculent au portillon de la villa de Dely Brahim. On y trouve des marques automobiles, des titres de la presse écrite, des tour-opérateurs et des industriels, d'ici et d'ailleurs. La perspective, de plus en plus réelle, de la qualification du onze algérien au Mondial sud-africain aiguise davantage les appétits «publicistes» des milieux d'affaires. Même les petites boîtes qui ne peuvent se permettre ce luxe, utilisent «clandestinement» la griffe du fennec pour se replacer sur le marché. Un énorme souk de produits dérivés se développe visiblement autour de l'équipe nationale à tous les coins de rue. Des tenues, des casquettes, des bandeaux, des tee-shirts portant les noms et les numéros des stars de l'EN se vendent comme des petits pains sur tous les trottoirs du pays. Des ateliers de confection, non autorisés, ont vraisemblablement trouvé là un filon doré pour se tirer d'affaire. Même le drapeau national est usiné en milliers d'exemplaires pour répondre à une demande exceptionnelle des inconditionnels des Verts. Il va sans dire que ce marché informel génère des sommes colossales qui échappent complètement au contrôle des autorités compétentes. La FAF gagnerait beaucoup à réglementer ce segment d'activités. On peut penser à délivrer des agréments à cet effet ou à développer son propre réseau commercial des dérivés. Le professionnalisme, c'est aussi cela.