De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Avec sa voisine Mascara, la wilaya de Aïn Témouchent possède les plus vastes et, sans doute, les meilleures superficies agricoles dédiées à la viticulture, la culture de la vigne partageant avec celle des pois chiches 14 000 hectares, soit près 80% des 180 184 hectares de terres agricoles de la wilaya. Malgré la diminution, cette année, de la superficie de raisins de cuve de 11 428 ha à 9 680, la direction des services agricoles a annoncé une production viticole de 447 000 quintaux de raisin, dont près de 240 000 quintaux de vigne de cuve et 207 000 quintaux de vigne de table, ce qui met la wilaya de Aïn Témouchent en tête de classement au niveau national. S'agissant des facteurs qui ont favorisé l'augmentation de la production, les mêmes services citent la pluviosité très intéressante (plus de 500 mm) dont la wilaya a bénéficié et l'amélioration de la prise en charge de la filière par les viticulteurs. Par ailleurs, les transformateurs ont prêté une attention toute particulière à la «cuvée 2009», certains ayant ouvert plus tôt que d'habitude leurs caves (Aïn Témouchent dispose d'une trentaine de caves d'une rare valeur patrimoniale qui sont la propriété de la coopérative vitivinicole locale, la Viticoop). «Une dizaine de caves à vin suffisent pour la prise en charge de la production, affirme cependant un spécialiste. Il faut, aujourd'hui, penser à améliorer la productivité et la qualité des cépages.» Pour autant, la viticulture n'est plus ce qu'elle était. Les anciens agriculteurs rappellent qu'au lendemain de l'indépendance le vignoble occupait environ 60 000 hectares : «Mais il y a eu l'arrachage des vignes, décidé dans les années 1970 par les pouvoirs publics qui avaient, on ne sait pourquoi d'ailleurs, préféré la culture des céréales. Résultat : la vocation économique a été sérieusement déséquilibrée et personne ne peut aujourd'hui affirmer que Aïn Témouchent rattrapera ce retard», estime-t-on à El Amria, l'une des communes de la wilaya. Car, et les officiels ne cessent de le réitérer, l'Etat a décidé il y quelques années de réhabiliter le potentiel viticole national notamment en subventionnant l'encépagement et en augmentant la superficie des vignobles pour atteindre l'objectif, fixé pour cette année, de produire 1 million d'hectolitres, dont 80% destinés à l'exportation. «Mais jusqu'ici, relève-t-on à Aïn Témouchent, les résultats ne sont pas encore très probants, particulièrement à cause de la sécheresse des 20 dernières années qui a eu des conséquences très importantes sur la réduction de la superficie des terres.» Il faudra probablement encore de longues années avant que la politique de réhabilitation prônée par les pouvoirs publics n'atteigne ses objectifs, à savoir rendre au pays sa place sur le marché mondial de l'industrie viticole. Il y a très longtemps, l'Algérie occupait la quatrième place avant que l'arrachage des années 1970 et la politique adoptée les années suivantes ne la fassent dégringoler au 20ème rang : «A défaut de regagner le quatuor de tête, nous pouvons sensiblement améliorer notre position mondiale, assure un autre spécialiste qui a assisté à la chute de cette industrie. Nous avons tous les atouts en main, il ne manquait que la volonté désormais affichée par les autorités», affirme-t-il.