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Une ville propre et verte, un objectif hypothétique
La propreté à l'ordre du jour à Bouira
Publié dans La Tribune le 14 - 10 - 2009


Photo : Sahel
De notre correspondant à Bouira
Nacer Haniche
Après plusieurs tournées à travers la ville, le visiteur aura l'impression que le chef-lieu de wilaya est une ville en métamorphose perpétuelle ; avec ses chantiers elle, paraît très différente du grand village qu'elle était, il y a quelques années, pour certains responsables.
Depuis l'an dernier, ce chef-lieu de wilaya, où vivent près de 100 000 habitants donne des signes d'une cité moderne qui va gagner en propreté.
Il y a quelques années, le centre-ville de Bouira croulait littéralement sous des ordures ménagères de toutes sortes, jetées par des citoyens mais aussi mal ramassées par les agents chargés de cette tâche par les services communaux.
En effet, les citoyens sont frappés par le fait que chaque artère et chaque ruelle déborde d'amas de détritus et de sacs de déchets éventrés par des animaux (chiens et chats errants, ainsi que des rats). De nos jours, on peut aussi être repoussé par les odeurs nauséabondes qui se dégagent de quelques égouts à ciel ouvert qui se déversent souvent sur les trottoirs à proximité des habitations et d'édifices publics. Au niveau des anciens quartiers de la ville, les habitants sont empoisonnés par les odeurs dégagées par les bacs à ordures débordant de déchets qui attirent parfois des mendiants et des malades mentaux à la recherche de restes de denrées alimentaires. Souvent des citoyens insouciants préfèrent brûler les déchets, empestant de ce fait tout le quartier par une fumée irrespirable.
En attendant la fin des travaux d'amélioration urbaine
Au niveau du quartier des 1 100 logements dits «Ecotec», les chaussées et les trottoirs qui étaient depuis longtemps dans un état délabré, subissent depuis quelques mois des opérations d'aménagement. Tout en s'accommodant du bruit des engins, les habitants oublient peu à peu ces immeubles qui donnaient une image déplaisante. Mais il leur faut garder patience jusqu'à la fin des travaux d'aménagement entamés au niveau de cette cité depuis l'été dernier.
En effet, en attendant, les automobilistes expriment leur mécontentement face à la cadence des travaux ; un chauffeur de taxi rencontré dans ce quartier déclare : «Je ne comprends pas, pourquoi les rues ne sont pas revêtues, je les emprunte plusieurs fois par jour, et l'état de mon véhicule est dégradé, c'est insupportable.»
Dans un autre côté de cette cité, nous pouvons apercevoir des ordures sur la chaussée, des trottoirs défoncés et encombrés. Les espaces «verts» sont
inexistants.
L'insalubrité et l'anarchie banlieusarde
Le marché de fruits et légumes est cerné par des flaques d'eaux usées. Conteneurs-poubelles pleins, sans couvercle et qui puent pendant plusieurs jours. Les autorités se contentent d'aménager les grandes voies et laissent les quartiers dans une insalubrité choquante et grandissante. Dans la banlieue est de la ville, le village de Ras Bouira est perché sur un monticule, où des milliers de citoyens vivent dans des conditions déplorables : ce quartier comporte tous les
inconvénients du sous-développement : constructions illicites et anarchiques, manque de viabilisation, entassement de décharges sauvages et atteintes à l'environnement de la part des particuliers qui profitent de l'absence des autorités pour déverser toutes sortes d'ordures, de gravas et de détritus sur le seul espace actuellement boisé de la commune. Les autorités locales de la wilaya qui ont visité une partie de ce quartier ont sans doute pris connaissance de l'ampleur de la détérioration du cadre de vie des citoyens, mais à ce jour aucune décisions n'est mise en application ; pas de démolition des bidonvilles, pas de réalisation d'annexe pour l'APC, pas d'agence postale, pas plus que d'annexe pour la police urbaine Et la réalisation d'infrastructures sportives et culturelles pour les jeunes de ce village demeure un rêve.
A contrario, comme le pensent les habitants de ce quartier, «Ras Bouira est devenu l'endroit idéal pour accueillir les déchets des autres quartiers de la ville» depuis l'implantation par les pouvoirs publics d'un centre d'enfouissement technique des déchets dans un site qui avait été choisi dans les années 70 pour abriter le projet de construction d'un sanatorium, pour la région. Un centre qui a coûté près de 19 milliards de centimes et qui a permis la création de quelque 170 emplois saisonniers, sans avoir cependant un impact positif sur l'environnement immédiat.
Les services d'hygiène de la ville affirment que «jusqu'à 10 h, la ville est propre», mais après les responsables désignent du doigt le manque de civisme du citoyen. Selon les mêmes sources, les citoyens sont avertis des horaires d'enlèvement des ordures ménagères, mais ils ne les respectent pas ; les commerçants sont les premiers incriminés.
Des agents des services d'hygiène dépassés
«Ils sortent leurs ordures à n'importe quel moment de la journée.» Au total, il y a deux équipes composées d'une centaine d'agents qui entretiennent la propreté de la ville de Bouira, ces équipes de nuit sont équipées d'une vingtaine de camions et s'une dizaine de camions à benne tasseuse, indiquent les responsables. Durant la journée, une troisième équipe est mise en service avec des tracteurs à remorque, pour enlever les ordures non ramassées. Ces derniers sont suivis par des agents munis de charrettes poubelles, pour le nettoyage des rues, notamment à proximité des marchés qui croulent aussi sous d'énormes quantités de déchets. Les fruits et légumes avariés et jetés par les vendeurs s'entassent et se décomposent lentement sous le soleil.
Des restes d'abattage de volaille et des flaques verdâtres d'eau de pluie et usées polluent l'atmosphère et compliquent encore le travail des agents des services d'hygiène. Les responsables locaux, qui constatent chaque jour l'inefficacité des dispositions prises, considèrent que ces résultats déplorables en matière de propreté sont dûs au cynisme et à l'incivisme des citoyens.


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