Photo : Riad De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Il est certainement impossible de trouver, aujourd'hui, une carte postale de la ville de Tizi Ouzou si jamais on veut envoyer un souvenir de cette cité clochardisée à un correspondant étranger ou même à un compatriote qu'on respecte et qu'on aimerait bien inciter à visiter un jour la ville. D'ailleurs, on n'en imprime plus comme avant et les rares que l'on trouve sont désagréablement marquées, telle une cicatrice vilaine et fraîche, par les «ouvrages d'art» tels que les trémies qui trouvent sa forme et qui ont fini par presque achever le peu de cohérence et d'esthétique urbanistique des artères principales de la ville des Genêts coloniale. Les incessantes attaques entamées depuis au moins une décennie contre ses espaces n'ont pas eu raison de leur résistance à la laideur architecturale servie à coups de tonnes de béton et d'acier par les administrateurs locaux et nationaux. Alors, il n'y a plus de carte postale de Tizi Ouzou, anciennement ville la plus propre d'Algérie ! Si l'on réalisait un sondage indépendant sur ce que pensent les Kabyles de Tizi Ouzou, la majorité souhaiterait sûrement son rasage pur et simple. C'est une ville (si on peut la qualifier ainsi) hideuse et sale où en somme il ne fait pas bon vivre. Les récents événements de protestation violente dans les quartiers très mal entretenus du centre-ville et de sa périphérie donnent un échantillon suffisant des préoccupations de ces cités dortoirs. Des jeunes et des adultes ont été poussés à barrer la route pour réclamer une énième fois le bitumage de l'unique passage vers leur quartier, la mise en place d'un éclairage public, de trottoirs, d'avaloirs, le ramassage régulier des ordures entassées dans des dépotoirs sauvages au cœur des résidences, la cessation des coupures du courant électrique, etc. Des sujets de colère et de protestation de rue qui auraient pu être évités avec un minimum de conscience et de volonté de la part des élus et des administrateurs locaux. La dégradation du cadre de vie se lit non seulement sur les murs des cités en décadence, mais surtout sur les visages fatigués et stressés des habitants qui ont une certaine responsabilité dans cette situation de saleté des résidences à cause des comportements inciviques de certains d'entre eux. Des élus et des responsables à l'échelle régionale puisent justement des arguments pour justifier leur démission des affaires de la collectivité dans le peu d'intérêt accordé par la population à la qualité de l'environnement, la préservation et l'entretien des quartiers et des villages. Une forme de fuite en avant. Résultat ? Des cités de la ville de Tizi Ouzou constituent un véritable danger pour la santé des habitants sans parler des multiples désagréments qui empoisonnent tous les jours leur vie. Les chiens et les chats errants ont rendez-vous avec les «surplus» d'ordures ménagères débordant des bacs à ordures des cités qui ont eu le privilège d'en bénéficier ! Des scènes devenues le décor de la vie des Tizi Ouzéens. Au point que des bâtisses de plusieurs étages sont envahies par les rats qui se faufilent parmi les passants même en plein jour. Ces rongeurs se sentent tellement chez eux ! La semaine dernière, deux élus RND siégeant à l'APN avaient écrit au président de l'APC de Tizi Ouzou une lettre d'interpellation. «[…] Il nous a été donné de constater depuis la fin du Ramadhan, à travers plusieurs quartiers de la ville de Tizi Ouzou et de sa périphérie, l'amoncellement d'immondices nées de l'entassement des ordures ménagères dont le ramassage est loin d'être régulier, encore moins systématique», pouvait-on lire dans cette déclaration rendue publique. Et alors ?