Photo : Riad De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Le monde des agents immobiliers a été secoué par la mise en œuvre du décret portant sur la définition, les missions et, par delà toute considération, le cadre juridique d'exercice de cette profession qui baigne dans l'anarchie la plus totale de l'avis même des professionnels du domaine. Les incohérences juridiques, les atteintes à la profession et le détournement de la vocation à des fins de spéculation et de trafics en tout genre ont terni l'image des agents immobiliers pourtant destinés à une grande estime au sein de la société et considérés comme acteurs de valeur dans le secteur de l'habitat et de l'urbanisme. Est-ce leur faute ? Rien qu'à apprendre que 60% du parc immobilier national est érigé dans le noir de l'illicite et que l'Etat ne détiendrait que 40% du même parc signifie qu'aucune politique ou du moins prévision n'est admise devant l'ampleur d'une telle non-gestion du secteur. C'est dans cette ambiance que le bureau de wilaya de Tizi Ouzou de la Fédération nationale des agents immobiliers (FNAI) a convoqué en son siège, à la nouvelle ville de Tizi Ouzou, le dimanche 22 février dernier, une assemblée générale extraordinaire pour faire le point sur la journée d'information qu'il a organisée le 17 du mois en cours à la maison de la culture Mouloud Mammeri, et surtout aborder les points de l'ordre du jour liés à la réponse attendue du ministère de l'Habitat sur les remarques de la FNAI sur le décret exécutif n°09-18 du 20 janvier 2009 et les moyens de sensibiliser les membres de la corporation sur ce nouveau cadre législatif de travail qui ne fait pas l'unanimité. Jusqu'à ce jour, le ministère n'a pas encore donné de suite au recours envoyé par la FNAI, le 9 février dernier, d'où les inquiétudes des adhérents et non-adhérents de voir la profession menacée par le texte (relevé de conclusions) élaboré fin février et début mars 2008 par une commission interministérielle comprenant les ministères de l'Habitat, de la Santé, de la PME et de l'Artisanat, de l'Environnement, du Tourisme et de l'Energie et des Mines. Ladite commission était chargée, rappelons-le, d'«harmoniser les textes réglementant les professions et activités soumises à inscription au registre du commerce». M. Boussoualam, président du bureau de la FNAI de Tizi Ouzou, a trouvé beaucoup de difficultés à diriger cette séance en raison des divergences extrêmes de points de vue exprimés par les personnes présentes. Les points du décret qui traitent du niveau d'études universitaires des agents immobiliers et de la caution préalable (le montant n'est pas précisé) qui serait obligatoire dorénavant ont été les plus débattus et ont suscité des argumentaires pas tout à fait conciliables. «Le ministère ne voudrait que mettre plus de 4 000 agents immobiliers dehors et les remplacer par des licenciés pour faire croire que l'Etat à travers le chef du gouvernement, M. Ahmed Ouyahia, entreprend des initiatives pour résorber le chômage qui ronge la jeunesse algérienne», a déclaré Mme Belguesmia, gérante de l'agence immobilière «le Logis» qui a, par ses déclarations tranchantes, quelque peu irrité le président de séance visiblement fatigué par le planning chargé de la FNAI depuis le début de l'année. Un autre intervenant doutera des intentions du ministère en s'interrogeant sur le pourquoi de l'intérêt en ce moment précis de la tutelle pour le sujet alors que les problèmes des agences immobilières existent depuis au moins une dizaine d'années. M. Mohamed Akili, de l'agence éponyme, a, en revanche, salué le décret qui vient «mettre un terme à des années d'anarchie dans le domaine au niveau de la wilaya car le métier d'agent immobilier mérite un peu plus de considération, un certain niveau intellectuel et d'organisation ; il ne suffit pas d'avoir un registre du commerce et de payer ses impôts pour prétendre l'exercer», a-t-il affirmé, soulignant l'importance de la «moralisation de la profession, d'avoir et de respecter le barème fiscal, d'accéder à une bonne évaluation immobilière et du suivi cyclique d'un programme de formations» . Il sera appuyé par son collègue qui a noté l'importance de l'article exigeant l'agrément pour l'ouverture d'une agence immobilière, citant le «mépris» des autres partenaires, comme par exemple celui du notaire qui ne considère pas l'agent immobilier même si «le notaire prend beaucoup d'argent dans toutes les transactions immobilières au cœur desquelles l'agent immobilier est l'élément principal». Selon la plupart des intervenants, la wilaya de Tizi Ouzou, qui compterait environ 400 agences immobilières (aucun organisme ne peut donner le chiffre exact !) et souffre beaucoup de l'anarchie et de la spéculation «excessive» qui prédomine dans les secteurs de l'habitat et de l'urbanisme, a besoin d'un «minimum d'organisation pour tirer profit du décret applicable depuis le 20 janvier 2009». Les agents immobiliers de la wilaya de Tizi Ouzou attendent aussi la réponse du ministre de l'Habitat au recours introduit le 9 février dernier pour mieux «cerner le sujet et ne pas procéder par des raccourcis dans la préparation de la riposte adéquate».